Nos bagages sont enregistrés. Même nos arbres ! On a fait nos adieux à Harry. Nous voilà en salle d'embarquement maintenant.... Presque deux heures à attendre....
Beaucoup d'images qui s'entremêlent.... En un mois, on a rencontré des gens remarquables ou étonnants - Haingo, Antonio, Rodin, Patrice, François et Pénélope, voire même exceptionnels -le Père Pedro, partagé ensemble et avec nos amis Patrick et Emilie, Olivier,Véronique et Valérie des moments intenses, on a voyagé en taxi-brousse et en 4x4, on a navigué en pirogue et sur un boutre, vu le soleil se lever sur l'Océan Indien et se coucher sur le Canal du Mozambique, randonné dans la forêt équatoriale, traversé des déserts, voyagé à bord d'un des plus vieux trains du monde encore en service, roulé sur une route mythique et sur des pistes quasi impraticables, on s'est rempli les yeux de vert, de bleu et de rouge.
Et surtout on a vécu au rythme de la grande île... on l'a parcourue en "voyageurs", on a re-découvert ses richesses, on a été envouté par sa beauté fascinante. On a aussi cotoyé le désarroi, voire la détresse des Malgaches, que leur gentillesse ne parvient pas à masquer, devant les difficultés de leur quotidien, on a entendu leurs immenses attentes envers l'Occident et la France en particulier, devant les incertitudes quant à l'avenir de leur pays.
On était arrivé avec une grande question. 35 ans sont passés... Où en était Madagascar ? Pierre, Olivier et Patrick sont unanimes, même si leurs analyses et leurs regards sont différents. Le pays a reculé. Jamais, ils n'avaient vu autant de chars à boeufs sur les routes... Les routes, les infrastructures laissées par les Français ne sont pas entretenues. Les quelques chantiers en cours -bouts de routes ou ponts- sont financés par la communauté européenne suite aux différents cyclones. Seuls accèdent à une vie décente, ceux qui se sont créé une petite activité qui les amènent directement aux contacts avec les vazahas ou les touristes....
Certes, il n'y a plus de coopérants... mais les associations humanitaires -omniprésentes- les ont remplacés... Ce qui est sûr, c'est que les Malgaches, eux, se sentent abandonnés, livrés au bon plaisir de quelques familles qui détiennent le pouvoir économique à leur seul profit... Ils savent très bien que leur pays est pillé, que les revenus qui en sont tirés sont réinvestis à l'étranger, que la corruption est partout et que l'argent n'arrive jamais... Ils savent très bien que l'immobilisme politique actuel arrange, en fait, tous ceux de la coalition... qui profitent des avantages liés à l'exercice du pouvoir... donc que la "transition" va durer, que les élections auront lieu aux calendes grecques... Ils savent très bien que l'instruction est la clé de tout, mais ils n'ont pas les moyens d'envoyer régulièrement leurs enfants à l'école et que pour investir pour l'avenir, il faut encore pouvoir s'affranchir du présent, qu'un enfant à l'école, c'est des bras en moins dans les rizières ou un sourire de moins au bord des routes à proposer des fruits ou des bricoles aux touristes...
Alors, certes, on se sent remplis de souvenirs extraordinaires mais aussi avec une certaine tristesse au coeur. Un peu comme quand un endroit familier, auquel on tient, a été abandonné, abîmé ou dévasté...
Mais la porte s'ouvre, l'air au parfum désormais familier nous enveloppe....
madagascar
mercredi 30 mai 2012
mardi 29 mai 2012
Tana
Ce matin a commencé comme une journée "ordinaire". On a pris le petit déjeuner au coin du feu avec Valérie et Véronique puis accompagné Valérie à l'école. C'est ensuite que tout a basculé.... Harry nous a conduits au marché de la Digue, un des marchés d'artisanat de Tana pour y faire nos derniers achats et on a réalisé tout d'un coup que l'avion était pour ce soir.... Drôle d'impression....
Le marché de la Digue, c'est un peu particulier.... une succession d'échoppes sur plusieurs centaines de mètres, des deux côtés de la route. On y trouve tout l'artisanat de Madagascar. Comme bien souvent, les vendeurs sont très perspicaces. Ils arrivent toujours à deviner exactement ce qui vous tente, même si vous faites en sorte de ne rien regarder en particulier pour avoir la paix... Mais, c'est quand ils proposent un prix que les choses commencent à se gâter.... Aussitôt, une multitude de rabatteurs surgit de nulle part avec exactement la même chose à la main et tous vous somment, en même temps et en parlant plus fort les uns que les autres, de leur donner votre prix.... En fait, on est venu avec l'idée d'acheter un palmier ou, voire et, un baobab en raphia... et nous voilà entourés d'une forêt de toutes les couleurs ! A tous les prix... Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'on sait exactement à combien on peut les avoir. Donc, les négociations durent un bon moment, chacun y allant d'une offre plus intéressante que la précédente ou celle de son concurrent... Tout juste s'ils n'en viennent pas aux mains ! Une vraie cacophonie qui donne envie de remonter dans la voiture ! Harry, qui nous suit à distance, sourit... c'est bon signe ! encore quelques minutes et nous devenons les heureux propriétaires de deux arbres symboles de Madagascar. Un bon mètre chacun quand même... Il va falloir les rapporter en France maintenant !
Direction Lizzie Gallerie maintenant. Un ensemble de jolies boutiques -d'artisanant toujours- en centre ville. Autre ambiance. Vendeuses disponibles et discrètes, clim', coin café et toujours tout l'artisanat malgache mais avec des prix affichés. Comme Véronique nous l'avait dit, ils correspondent en général à ceux qu'on obtient après négociations au marché de la Digue ! Et tout çà tranquillement !
Retour à la vie ordinaire.... il est l'heure d'aller chercher Valérie à l'école. Puis celle de boucler nos bagages. D'emballer le baobab et son copain le palmier aussi.... On s'en sort pas trop mal : des housses plastiques de pressing, du scotch kraft et le tour est joué ! L'après-midi file à toute allure.... Quelques courses encore.... du chocolat, une bouteille de rhum arrangé pour partager avec Robert et Maryse en Août en Corse, un tour chez Homéopharma... Dernier dîner et c'est l'heure de dire au revoir à Véronique et Valérie. Harry fait déjà tourner le 4x4.... Direction l'aéroport... le coeur qui bat fort..
Le marché de la Digue, c'est un peu particulier.... une succession d'échoppes sur plusieurs centaines de mètres, des deux côtés de la route. On y trouve tout l'artisanat de Madagascar. Comme bien souvent, les vendeurs sont très perspicaces. Ils arrivent toujours à deviner exactement ce qui vous tente, même si vous faites en sorte de ne rien regarder en particulier pour avoir la paix... Mais, c'est quand ils proposent un prix que les choses commencent à se gâter.... Aussitôt, une multitude de rabatteurs surgit de nulle part avec exactement la même chose à la main et tous vous somment, en même temps et en parlant plus fort les uns que les autres, de leur donner votre prix.... En fait, on est venu avec l'idée d'acheter un palmier ou, voire et, un baobab en raphia... et nous voilà entourés d'une forêt de toutes les couleurs ! A tous les prix... Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'on sait exactement à combien on peut les avoir. Donc, les négociations durent un bon moment, chacun y allant d'une offre plus intéressante que la précédente ou celle de son concurrent... Tout juste s'ils n'en viennent pas aux mains ! Une vraie cacophonie qui donne envie de remonter dans la voiture ! Harry, qui nous suit à distance, sourit... c'est bon signe ! encore quelques minutes et nous devenons les heureux propriétaires de deux arbres symboles de Madagascar. Un bon mètre chacun quand même... Il va falloir les rapporter en France maintenant !
Direction Lizzie Gallerie maintenant. Un ensemble de jolies boutiques -d'artisanant toujours- en centre ville. Autre ambiance. Vendeuses disponibles et discrètes, clim', coin café et toujours tout l'artisanat malgache mais avec des prix affichés. Comme Véronique nous l'avait dit, ils correspondent en général à ceux qu'on obtient après négociations au marché de la Digue ! Et tout çà tranquillement !
Retour à la vie ordinaire.... il est l'heure d'aller chercher Valérie à l'école. Puis celle de boucler nos bagages. D'emballer le baobab et son copain le palmier aussi.... On s'en sort pas trop mal : des housses plastiques de pressing, du scotch kraft et le tour est joué ! L'après-midi file à toute allure.... Quelques courses encore.... du chocolat, une bouteille de rhum arrangé pour partager avec Robert et Maryse en Août en Corse, un tour chez Homéopharma... Dernier dîner et c'est l'heure de dire au revoir à Véronique et Valérie. Harry fait déjà tourner le 4x4.... Direction l'aéroport... le coeur qui bat fort..
lundi 28 mai 2012
Ampefy
Ampef'. Drôle d'ambiance ce matin dans la voiture.... Pour nous quatre, c'est une dernière fois. Dernière journée de découverte pour nous qui reprenons l'avion demain soir et dernière balade hors de Tana pour Véronique et Valérie qui elles aussi, vont très bientôt rentrer en France pour repartir sur Dakar, prochain poste d'Olivier...
Il a fallu un long moment pour traverser Tana. Tous les habitants semblent avoir envie de profiter de ces derniers jours cléments avant l'entrée dans l'hiver... Donc, embouteillages malgré l'heure matinale. Enfin, on rejoint la RN1 pour partir plein ouest. La route est en bon état et Harry peut rouler à bonne allure. Bien qu'on n'ait pas quitté les hauts plateaux, le paysage est sensiblement différent... beaucoup plus vallonné, et la terre n'est plus aussi rouge... parfois même noire. On est dans une région volcanique à la terre fertile et la vocation agricole est évidente. Riz toujours, mais aussi ananas, papayes, avocats, cannes à sucre, pastèques. Les avocats, notamment, sont absolument é-nor-mes !! ils doivent peser plus d'un kilo.
Ampefy s'est construite au bord du lac Itasy, qui est le 3ème plus grand lac de Madagascar. Lieu de villégiature apprécié des habitants de Tana mais aussi haut lieu de pêche. Une multitude d'étals de poissons envahit le bord de la route.
La matinée est bien avancée -on a mis plus de temps que prévu- aussi Harry, soucieux d'être de retour à Tana avant la nuit, nous suggère de choisir entre aller jusqu'aux geysers d'eau chaude ou aux chutes de la rivière Lily. C'est la rivière qui l'emporte et nous voilà partis pour une petite demie heure de piste. Le Terrano assure sans problème. C'est Patrick qui va se régaler puisqu'il va en devenir l'heureux propriétaire après le départ d'Olivier et Véronique !
Une petite marche puis une petite grimpette, et on découvre les chutes de la Lily, plusieurs dizaines de mètres de haut. A la saison des pluies, le spectacle et le bruit doivent être impressionnants !
Et au menu de ce midi ? Foie gras mais aux pok-pok. Un des plats vedettes de la carte de Chez Jackie, restaurant qui figure en bonne place dans tous les guides. Fondant au chocolat aussi !
Une promenade autour du lac et il est déjà temps de reprendre la route de Tana.... sur laquelle on ne va pas tarder à être pris dans un embouteillage monstre... La circulation est totalement arrêtée, dans les deux sens... La nuit est tombée et Harry devient nerveux... Une bonne heure à faire du mètre à mètre jusqu'à l'entrée de Tana où ce n'est pas pire que d'habitude...
Il a fallu un long moment pour traverser Tana. Tous les habitants semblent avoir envie de profiter de ces derniers jours cléments avant l'entrée dans l'hiver... Donc, embouteillages malgré l'heure matinale. Enfin, on rejoint la RN1 pour partir plein ouest. La route est en bon état et Harry peut rouler à bonne allure. Bien qu'on n'ait pas quitté les hauts plateaux, le paysage est sensiblement différent... beaucoup plus vallonné, et la terre n'est plus aussi rouge... parfois même noire. On est dans une région volcanique à la terre fertile et la vocation agricole est évidente. Riz toujours, mais aussi ananas, papayes, avocats, cannes à sucre, pastèques. Les avocats, notamment, sont absolument é-nor-mes !! ils doivent peser plus d'un kilo.
Ampefy s'est construite au bord du lac Itasy, qui est le 3ème plus grand lac de Madagascar. Lieu de villégiature apprécié des habitants de Tana mais aussi haut lieu de pêche. Une multitude d'étals de poissons envahit le bord de la route.
La matinée est bien avancée -on a mis plus de temps que prévu- aussi Harry, soucieux d'être de retour à Tana avant la nuit, nous suggère de choisir entre aller jusqu'aux geysers d'eau chaude ou aux chutes de la rivière Lily. C'est la rivière qui l'emporte et nous voilà partis pour une petite demie heure de piste. Le Terrano assure sans problème. C'est Patrick qui va se régaler puisqu'il va en devenir l'heureux propriétaire après le départ d'Olivier et Véronique !
Une petite marche puis une petite grimpette, et on découvre les chutes de la Lily, plusieurs dizaines de mètres de haut. A la saison des pluies, le spectacle et le bruit doivent être impressionnants !
Et au menu de ce midi ? Foie gras mais aux pok-pok. Un des plats vedettes de la carte de Chez Jackie, restaurant qui figure en bonne place dans tous les guides. Fondant au chocolat aussi !
Une promenade autour du lac et il est déjà temps de reprendre la route de Tana.... sur laquelle on ne va pas tarder à être pris dans un embouteillage monstre... La circulation est totalement arrêtée, dans les deux sens... La nuit est tombée et Harry devient nerveux... Une bonne heure à faire du mètre à mètre jusqu'à l'entrée de Tana où ce n'est pas pire que d'habitude...
dimanche 27 mai 2012
Diego - Tana
Bagages bouclés, petit-déjeuner avalé, on est est prêts à partir. Le vol pour Tana n'est qu'un peu avant midi, mais ici, il convient après avoir confirmé et re-confirmé sa réservation, d'être largement en avance... On n'est jamais à l'abri de surprises...
Encore une fois, James est ponctuel. En route pour l'aéroport ! Il nous parle un peu de la vraie vie des taximen ici. Rackettés de partout... Ainsi, il va devoir s'acquitter d'un "droit d'entrée" pour accéder au parking... Pas le choix, s'il ne rentre pas, aucune chance de charger quelqu'un pour retourner sur Diego. Mais il possible de faire mieux encore... rentrer dans le hall des arrivées. Pour çà, bien sûr, il faut s'acquitter d'un autre "droit d'entrée" auprès des vigiles... Et ensuite, explique-t-il, c'est la guerre entre eux... à celui qui criera le plus fort pour attirer l'attention des passagers, il n'est pas rare qu'ils en viennent presque aux mains... Lui, il trouve que ce n'est bien pour personne... ni pour eux, ni pour les passagers qui se sentent agressés. Il a vu à la télé ou quand il est allé à La Réunion, comment çà se passe ailleurs. Il a proposé à ses collègues de voir comment ils pourraient s'organiser autrement mais a vite été "découragé"...
Le départ de l'avion est "delayed"... çà nous laisse tout loisir de regarder les allées et venues.... hommes d'affaires européens ou asiatiques, généralement seuls, quelques touristes comme nous et une majorité de "familles"... En fait, Monsieur -européen d'un certain âge- et Madame -malgache, la plupart du temps beaucoup plus jeune- avec un enfant... A Madagascar, à côté du tourisme sexuel que le gouvernement combat dans la mesure de ses moyens, il existe une autre forme de tourisme.... le tourisme nuptial. On l'avait entrevu à Mahajanga mais c'est flagrant à Diego... Pour beaucoup, l'aura du vazaha leur permet de passer pour des gentlemen et une petite retraite ou les quelques centaines d'euros du RMI d'éblouir facilement de jeunes femmes en mal d'avenir radieux... Nous revient en mémoire un échange qu'on avait eu avec Patrice sur le canal des Pangalanes, qui nous expliquait dans son français châtié, qu'une femme malgache avait des attentes beaucoup plus faciles à satisfaire que celles d'une européenne et qu'au final elle "coûtait" beaucoup moins au vazaha tout en lui assurant une présence pour ses vieux jours... Il est difficile de ne pas être choqué, de ne pas juger mais, derrière, la réalité malgache est plus pragmatique... Chacun semble trouver son compte dans cet accomodement... L'expression consacrée pour une jeune malgache qui a trouvé un vazaha est de dire qu'elle est "sauvée"....
On finit par embarquer. Le ciel est dégagé, l'avion à hélices ne vole pas très haut et on en prend plein les yeux ! Le canal du Mozambique d'un côté avec toutes les embouchures qui charrient des boues rouges qui vont se perdre très loin après des méandres à n'en plus finir... l'océan indien de l'autre, et au milieu, un désert tantôt vert quand il y a de la végétation ou des cultures, tantôt rouge quand le sol est nu...
Une grosse heure de vol et on retrouve l'aéroport de Tana. Plongée directe dans la guerre entre taximen comme nous l'a décrite James. La prochaine étape, c'est certainement de soudoyer la sécurité pour accéder directement au bas des passerelles... Vazaha, vazaha, taxi ? 100 000 Ar. Vazaha, vazaha, je t'emmène à l'hôtel. Bon taxi ! 80 000€. Vazaha, vazaha, je prends ton sac. Quel hôtel ? 75 000. Pas de chance pour eux. Véronique nous a dit : 35 000 pas davantage. On sort du hall entourés d'une grappe de chauffeurs tous plus volubiles les uns que les autres. James a complètement raison, c'est saoûlant.... D'autant que maintenant, ceux qui attendent à l'extérieur s'y mettent aussi.... Pour les calmer, on leur donne notre prix, et çà marche ! Silence... Le premier à réagir sans discuter est un Karane. On lui emboîte le pas jusqu'à son taxi garé sur le deuxième parking. En route, il nous explique qu'il ne veut pas rentrer dans ce jeu, qu'assaillir les touristes qui débarquent ce n'est pas bien, les arnaquer non plus. Donc, lui, il travaille comme çà. Il sait ce qu'il doit gagner chaque jour pour faire vivre sa famille et entretenir son taxi, il ne rentre jamais dans l'aéroport donc n'a rien à payer à personne et quand il voit les passagers sortir, il annonce son prix pour Tana. Mais , vous, comment vous connaissiez le vrai prix ?? Bah, on n'est pas vraiment des touristes ! D'ailleurs, on va à cette adresse. C'est sur la route des hydrocarbures juste après le lycée Alarobia. Ensuite, on vous indiquera. Du coup, ni tours ni détours, il nous emmène direct depuis Ivato. Le même itinéraire que Harry. Sauf qu'on est dimanche et que çà va beaucoup plus vite !
Une grosse demi-heure et nous voilà devant le portail. Comme Haingo il y longtemps longtemps -quinze jours au moins- il est plus qu'impressionné quand le portail s'ouvre et que les gardiens nous accueillent avec un grand sourire. Tout au bout de l'allée, on aperçoit Valérie qui se jette à notre cou à peine la portière ouverte ! On a un peu l'impression de rentrer à la maison... Véronique a préparé un grand feu -et oui, c'est le début de l'hiver et sur les hauts plateaux il fait déjà frais... Olivier est en déplacement à Nairobi... Le temps de s'installer -on retrouve avec plaisir notre grande chambre et sa salle de bain avec sa vraie douche ! de se couvrir un peu et nous voilà tous les 4 réunisautour d'un bon thé.
Pour demain, lundi de Pentecôte, Véronique propose que nous allions à Ampefy, une sortie à la journée traditionnelle pour les habitants de Tana. Et au menu de ce soir, foie gras et tarte tropézienne préparés à notre intention par Séraphine !!
Encore une fois, James est ponctuel. En route pour l'aéroport ! Il nous parle un peu de la vraie vie des taximen ici. Rackettés de partout... Ainsi, il va devoir s'acquitter d'un "droit d'entrée" pour accéder au parking... Pas le choix, s'il ne rentre pas, aucune chance de charger quelqu'un pour retourner sur Diego. Mais il possible de faire mieux encore... rentrer dans le hall des arrivées. Pour çà, bien sûr, il faut s'acquitter d'un autre "droit d'entrée" auprès des vigiles... Et ensuite, explique-t-il, c'est la guerre entre eux... à celui qui criera le plus fort pour attirer l'attention des passagers, il n'est pas rare qu'ils en viennent presque aux mains... Lui, il trouve que ce n'est bien pour personne... ni pour eux, ni pour les passagers qui se sentent agressés. Il a vu à la télé ou quand il est allé à La Réunion, comment çà se passe ailleurs. Il a proposé à ses collègues de voir comment ils pourraient s'organiser autrement mais a vite été "découragé"...
Le départ de l'avion est "delayed"... çà nous laisse tout loisir de regarder les allées et venues.... hommes d'affaires européens ou asiatiques, généralement seuls, quelques touristes comme nous et une majorité de "familles"... En fait, Monsieur -européen d'un certain âge- et Madame -malgache, la plupart du temps beaucoup plus jeune- avec un enfant... A Madagascar, à côté du tourisme sexuel que le gouvernement combat dans la mesure de ses moyens, il existe une autre forme de tourisme.... le tourisme nuptial. On l'avait entrevu à Mahajanga mais c'est flagrant à Diego... Pour beaucoup, l'aura du vazaha leur permet de passer pour des gentlemen et une petite retraite ou les quelques centaines d'euros du RMI d'éblouir facilement de jeunes femmes en mal d'avenir radieux... Nous revient en mémoire un échange qu'on avait eu avec Patrice sur le canal des Pangalanes, qui nous expliquait dans son français châtié, qu'une femme malgache avait des attentes beaucoup plus faciles à satisfaire que celles d'une européenne et qu'au final elle "coûtait" beaucoup moins au vazaha tout en lui assurant une présence pour ses vieux jours... Il est difficile de ne pas être choqué, de ne pas juger mais, derrière, la réalité malgache est plus pragmatique... Chacun semble trouver son compte dans cet accomodement... L'expression consacrée pour une jeune malgache qui a trouvé un vazaha est de dire qu'elle est "sauvée"....
On finit par embarquer. Le ciel est dégagé, l'avion à hélices ne vole pas très haut et on en prend plein les yeux ! Le canal du Mozambique d'un côté avec toutes les embouchures qui charrient des boues rouges qui vont se perdre très loin après des méandres à n'en plus finir... l'océan indien de l'autre, et au milieu, un désert tantôt vert quand il y a de la végétation ou des cultures, tantôt rouge quand le sol est nu...
Une grosse heure de vol et on retrouve l'aéroport de Tana. Plongée directe dans la guerre entre taximen comme nous l'a décrite James. La prochaine étape, c'est certainement de soudoyer la sécurité pour accéder directement au bas des passerelles... Vazaha, vazaha, taxi ? 100 000 Ar. Vazaha, vazaha, je t'emmène à l'hôtel. Bon taxi ! 80 000€. Vazaha, vazaha, je prends ton sac. Quel hôtel ? 75 000. Pas de chance pour eux. Véronique nous a dit : 35 000 pas davantage. On sort du hall entourés d'une grappe de chauffeurs tous plus volubiles les uns que les autres. James a complètement raison, c'est saoûlant.... D'autant que maintenant, ceux qui attendent à l'extérieur s'y mettent aussi.... Pour les calmer, on leur donne notre prix, et çà marche ! Silence... Le premier à réagir sans discuter est un Karane. On lui emboîte le pas jusqu'à son taxi garé sur le deuxième parking. En route, il nous explique qu'il ne veut pas rentrer dans ce jeu, qu'assaillir les touristes qui débarquent ce n'est pas bien, les arnaquer non plus. Donc, lui, il travaille comme çà. Il sait ce qu'il doit gagner chaque jour pour faire vivre sa famille et entretenir son taxi, il ne rentre jamais dans l'aéroport donc n'a rien à payer à personne et quand il voit les passagers sortir, il annonce son prix pour Tana. Mais , vous, comment vous connaissiez le vrai prix ?? Bah, on n'est pas vraiment des touristes ! D'ailleurs, on va à cette adresse. C'est sur la route des hydrocarbures juste après le lycée Alarobia. Ensuite, on vous indiquera. Du coup, ni tours ni détours, il nous emmène direct depuis Ivato. Le même itinéraire que Harry. Sauf qu'on est dimanche et que çà va beaucoup plus vite !
Une grosse demi-heure et nous voilà devant le portail. Comme Haingo il y longtemps longtemps -quinze jours au moins- il est plus qu'impressionné quand le portail s'ouvre et que les gardiens nous accueillent avec un grand sourire. Tout au bout de l'allée, on aperçoit Valérie qui se jette à notre cou à peine la portière ouverte ! On a un peu l'impression de rentrer à la maison... Véronique a préparé un grand feu -et oui, c'est le début de l'hiver et sur les hauts plateaux il fait déjà frais... Olivier est en déplacement à Nairobi... Le temps de s'installer -on retrouve avec plaisir notre grande chambre et sa salle de bain avec sa vraie douche ! de se couvrir un peu et nous voilà tous les 4 réunisautour d'un bon thé.
Pour demain, lundi de Pentecôte, Véronique propose que nous allions à Ampefy, une sortie à la journée traditionnelle pour les habitants de Tana. Et au menu de ce soir, foie gras et tarte tropézienne préparés à notre intention par Séraphine !!
samedi 26 mai 2012
Diego J4. La mer d'émeraude
Patrick, Emilie et Mathis nous ont quittés tôt ce matin pour rejoindre François à Nosy Comba. Nous voilà les seuls occupants de cette immense maison... avec le couple de gardiens et la cuisinière quand même !
Comme il l'avait annoncé, James le taximan nous a rappelés hier soir. Un bon point pour lui ! Pour nous dire qu'il nous avait trouvé un bateau pour la mer d'émeraude et qu'il passerait nous prendre à 8 heures. Un deuxième bon point !
Tout juste 8 heures quand il arrête son taxi devant la maison... Troisième bon point ! Désormais tous les gardiens de l'université nous connaissent, ce matin ils nous envoient même un "bonne journée et à ce soir" cordial... Et maintenant, direction Ramena à nouveau ! James conduit tranquillement, son taxi est parfaitement entretenu, peinture jaune rutillante, banquettes quasi neuves, pneus en bon état, suspensions vaillantes, rétroviseurs, et même support pour le portable... un rêve de 4L !
La mer d'émeraude, c'est l'autre classique de la baie de Diego. C'est un vaste lagon corallien, saupoudré d'îlots, au nord de l'entrée de la passe. On sort avec la marée, on rentre avec. Selon la saison, les conditions de mer et de vent, la traversée peu vite s'avérer assez, voire très sportive. Pas d'inquiétudes pour aujourd'hui... la mer n'est pas plus formée que les jours précédents et on embarque à bord du Roi de la Mer... Yapa à dire, çà donne confiance !
Un petit coup de moteur pour s'éloigner de la plage et le capitaine donne l'ordre d'envoyer la voile. Pas de winches, tout à la force des bras ! On file bonne allure sur la "grande passe", les vagues sont formées mais régulières. Tout d'un coup, on se prend un gros paquet de mer ! On n'a rien vu venir ! c'est qu'on est rentrés dans les eaux beaucoup plus agitées de la "petite passe" avec les vagues de face. L'équipage a l'air de bien s'amuser... donc, comme d'habitude, pas d'inquiétude... Tant que l'équipage s'amuse, aucune raison de s'en faire et continuer de profiter ! D'ailleurs, on ne tarde pas à s'engager sur des eaux beaucoup plus calmes que les marins scrutent de près... En effet, il y a très très peu de fond et malgré le faible tirant d'eau du boutre, le risque de s'ensabler et de devoir attendre la prochaine marée n'est pas négligeable. Ce serait oublier qu'on est à bord du Roi de la Mer !
Un petit quart d'heure de navigation, une dernière pointe à virer sur tribord et le lagon se découvre enfin ! La couleur de l'eau a complètement changé. Ni bleu saphir comme hier, ni bleu turquoise comme sur les hauts fonds, là, elle est réellement vert émeraude !! On affale le temps d'amener le bateau à la plage pour débarquer sur Nosy Suarez, un des deux grands îlots du lagon.
Ensuite, un plan d'enfer... Moi, baignade, baignade... l'eau est presque trop chaude... explo, mais le soleil tape tellement fort que re-baignade... finalement, c'est là qu'il fait le plus frais ! Pierre, lui, est parti pêcher avec l'équipage. Ils reviennent avec des poissons de toutes les couleurs. Hop, au gril ! Pique-nique sous la paillote, punch coco, poissons grillés, riz au coco. Baignade, sieste. Elle est pas belle la vie ? Une dernière baignade et c'est l'heure de remonter à bord pour rentrer avec la marée certes mais avec le vent dans le nez. Un bord de près de folie ! Accroché à sa barre, le barreur s'amuse comme un fou ! Avec une voile latine, le virement de bord se complique un peu... Il faut l'affaler pour la passer de l'autre côté... Manoeuvre parfaitement maîtrisée. Au final, on est trempés mais on s'est régalés comme jamais !! Merci le Roi de la Mer pour cette journée inoubliable !
Une THB sur la plage pour profiter du soleil couchant et on retrouve James, ponctuel et souriant, qui nous ramène à Diego dans sa jolie 4L. Oui, oui, aucun souci, il vient nous chercher demain matin pour nous emmener à l'aéroport...
Dernière soirée à Diego. Cette ville nous a conquis. Tout ce qu'on aime, la mer pour naviguer, les vagues pour s'amuser, le soleil, la chaleur, le centre ville est agréable, la population accueillante... Bref, d'ici quelques années, on s'imagine bien là plusieurs mois par an...
Dernières brochettes de poissons, dernier petit tour dans la rue Colbert avant de reprendre un tuk-tuk pour rentrer. Il fait doux, il est encore tôt malgré l'obscurité et on demande au chauffeur de nous laisser à la barrière d'entrée de l'université pour finir à pieds.
Le gardien vient vers nous... Oui, oui, il nous a reconnus, il sait qu'on va chez François, mais pas à pieds ?? Nous, si, ce n'est pas si loin et on a le temps. Et là, il a l'air carrément affolé. Non, non deux vazahas à pieds dans le noir, ce n'est pas possible du tout du tout... Il y a des Foros... Et là, on blêmit.... Les Foros, François nous en a parlé.... Des bandes de voyous qui agressent les vazahas dès la nuit tombée. Il l'a bien dit : seul le centre ville est sûr... sinon, jamais à pieds. Des amis de ses enfants ont été gravement agressés l'année dernière... Rapatriés à l'hôpital de La Réunion... Et nous, dans l'euphorie de la journée, on a complètement oublié ses mises en garde... Personne à appeler... ni les gardiens de la villa qui n'ont pas de voiture, ni taxi qui ne viendra jamais à vide jusqu'ici à cette heure là... Un petit attroupement s'est formé autour de nous. Ils discutent en malgache et nous, on n'est pas vraiment fiers...
Finalement, ils nous proposent leur "plan". On est les hôtes du directeur adjoint de l'université, ils se sentent un peu responsables de nous... Donc, on va se couvrir pour laisser le moins possible de peau blanche apparaître, bien enfoncer les casquettes, marcher tête baissée, en silence et la femme de l'un deux va nous accompagner avec son fils. On leur donne la main et ils parleront ensemble tout le long en malgache. Quand elle éclairera sur le côté, il faudra marcher encore plus vite. Si tout va bien, en marchant bon pas, il y en a pour dix bonnes minutes... On n'en mène pas large mais pas le choix... On sort nos passeports des sacs pour les mettre à l'intérieur de nos vêtements et en route dans le noir... On n'y voit vraiment rien... pas un bruit, juste celui de leurs voix et de nos pas... A chaque fois qu'un chemin part à droite où à gauche, ils parlent plus fort et elle allume sa lampe... çà semble interminable... le foyer... le centre administratif... les labos... Enfin, sur la droite, on aperçoit la maison... Encore quelques centaines de mètres et on y est ! Au final, bluf ou danger réel ? On ne saura jamais... mais François nous avait bien mis en garde quand même. Ce qui est sûr, c'est que les gardiens sont dehors et nous attendent. Ils étaient inquiets de ne pas nous avoir vu rentrer avant la nuit... et nous pressent de rentrer, nous laissant à peine le temps de dédommager nos anges gardiens et de les remercier.
Bagages maintenant....
Comme il l'avait annoncé, James le taximan nous a rappelés hier soir. Un bon point pour lui ! Pour nous dire qu'il nous avait trouvé un bateau pour la mer d'émeraude et qu'il passerait nous prendre à 8 heures. Un deuxième bon point !
Tout juste 8 heures quand il arrête son taxi devant la maison... Troisième bon point ! Désormais tous les gardiens de l'université nous connaissent, ce matin ils nous envoient même un "bonne journée et à ce soir" cordial... Et maintenant, direction Ramena à nouveau ! James conduit tranquillement, son taxi est parfaitement entretenu, peinture jaune rutillante, banquettes quasi neuves, pneus en bon état, suspensions vaillantes, rétroviseurs, et même support pour le portable... un rêve de 4L !
La mer d'émeraude, c'est l'autre classique de la baie de Diego. C'est un vaste lagon corallien, saupoudré d'îlots, au nord de l'entrée de la passe. On sort avec la marée, on rentre avec. Selon la saison, les conditions de mer et de vent, la traversée peu vite s'avérer assez, voire très sportive. Pas d'inquiétudes pour aujourd'hui... la mer n'est pas plus formée que les jours précédents et on embarque à bord du Roi de la Mer... Yapa à dire, çà donne confiance !
Un petit coup de moteur pour s'éloigner de la plage et le capitaine donne l'ordre d'envoyer la voile. Pas de winches, tout à la force des bras ! On file bonne allure sur la "grande passe", les vagues sont formées mais régulières. Tout d'un coup, on se prend un gros paquet de mer ! On n'a rien vu venir ! c'est qu'on est rentrés dans les eaux beaucoup plus agitées de la "petite passe" avec les vagues de face. L'équipage a l'air de bien s'amuser... donc, comme d'habitude, pas d'inquiétude... Tant que l'équipage s'amuse, aucune raison de s'en faire et continuer de profiter ! D'ailleurs, on ne tarde pas à s'engager sur des eaux beaucoup plus calmes que les marins scrutent de près... En effet, il y a très très peu de fond et malgré le faible tirant d'eau du boutre, le risque de s'ensabler et de devoir attendre la prochaine marée n'est pas négligeable. Ce serait oublier qu'on est à bord du Roi de la Mer !
Un petit quart d'heure de navigation, une dernière pointe à virer sur tribord et le lagon se découvre enfin ! La couleur de l'eau a complètement changé. Ni bleu saphir comme hier, ni bleu turquoise comme sur les hauts fonds, là, elle est réellement vert émeraude !! On affale le temps d'amener le bateau à la plage pour débarquer sur Nosy Suarez, un des deux grands îlots du lagon.
Ensuite, un plan d'enfer... Moi, baignade, baignade... l'eau est presque trop chaude... explo, mais le soleil tape tellement fort que re-baignade... finalement, c'est là qu'il fait le plus frais ! Pierre, lui, est parti pêcher avec l'équipage. Ils reviennent avec des poissons de toutes les couleurs. Hop, au gril ! Pique-nique sous la paillote, punch coco, poissons grillés, riz au coco. Baignade, sieste. Elle est pas belle la vie ? Une dernière baignade et c'est l'heure de remonter à bord pour rentrer avec la marée certes mais avec le vent dans le nez. Un bord de près de folie ! Accroché à sa barre, le barreur s'amuse comme un fou ! Avec une voile latine, le virement de bord se complique un peu... Il faut l'affaler pour la passer de l'autre côté... Manoeuvre parfaitement maîtrisée. Au final, on est trempés mais on s'est régalés comme jamais !! Merci le Roi de la Mer pour cette journée inoubliable !
Une THB sur la plage pour profiter du soleil couchant et on retrouve James, ponctuel et souriant, qui nous ramène à Diego dans sa jolie 4L. Oui, oui, aucun souci, il vient nous chercher demain matin pour nous emmener à l'aéroport...
Dernière soirée à Diego. Cette ville nous a conquis. Tout ce qu'on aime, la mer pour naviguer, les vagues pour s'amuser, le soleil, la chaleur, le centre ville est agréable, la population accueillante... Bref, d'ici quelques années, on s'imagine bien là plusieurs mois par an...
Dernières brochettes de poissons, dernier petit tour dans la rue Colbert avant de reprendre un tuk-tuk pour rentrer. Il fait doux, il est encore tôt malgré l'obscurité et on demande au chauffeur de nous laisser à la barrière d'entrée de l'université pour finir à pieds.
Le gardien vient vers nous... Oui, oui, il nous a reconnus, il sait qu'on va chez François, mais pas à pieds ?? Nous, si, ce n'est pas si loin et on a le temps. Et là, il a l'air carrément affolé. Non, non deux vazahas à pieds dans le noir, ce n'est pas possible du tout du tout... Il y a des Foros... Et là, on blêmit.... Les Foros, François nous en a parlé.... Des bandes de voyous qui agressent les vazahas dès la nuit tombée. Il l'a bien dit : seul le centre ville est sûr... sinon, jamais à pieds. Des amis de ses enfants ont été gravement agressés l'année dernière... Rapatriés à l'hôpital de La Réunion... Et nous, dans l'euphorie de la journée, on a complètement oublié ses mises en garde... Personne à appeler... ni les gardiens de la villa qui n'ont pas de voiture, ni taxi qui ne viendra jamais à vide jusqu'ici à cette heure là... Un petit attroupement s'est formé autour de nous. Ils discutent en malgache et nous, on n'est pas vraiment fiers...
Finalement, ils nous proposent leur "plan". On est les hôtes du directeur adjoint de l'université, ils se sentent un peu responsables de nous... Donc, on va se couvrir pour laisser le moins possible de peau blanche apparaître, bien enfoncer les casquettes, marcher tête baissée, en silence et la femme de l'un deux va nous accompagner avec son fils. On leur donne la main et ils parleront ensemble tout le long en malgache. Quand elle éclairera sur le côté, il faudra marcher encore plus vite. Si tout va bien, en marchant bon pas, il y en a pour dix bonnes minutes... On n'en mène pas large mais pas le choix... On sort nos passeports des sacs pour les mettre à l'intérieur de nos vêtements et en route dans le noir... On n'y voit vraiment rien... pas un bruit, juste celui de leurs voix et de nos pas... A chaque fois qu'un chemin part à droite où à gauche, ils parlent plus fort et elle allume sa lampe... çà semble interminable... le foyer... le centre administratif... les labos... Enfin, sur la droite, on aperçoit la maison... Encore quelques centaines de mètres et on y est ! Au final, bluf ou danger réel ? On ne saura jamais... mais François nous avait bien mis en garde quand même. Ce qui est sûr, c'est que les gardiens sont dehors et nous attendent. Ils étaient inquiets de ne pas nous avoir vu rentrer avant la nuit... et nous pressent de rentrer, nous laissant à peine le temps de dédommager nos anges gardiens et de les remercier.
Bagages maintenant....
vendredi 25 mai 2012
Diego J3. Les 3 baies
Au programme de ce dernier jour tous ensemble, un raid de folie... Dunes désertes de sable blanc qui dévalent vers la mer, camaïeux d'eaux turquoises... dépaysement total, forêt de baobabs, de palissandre et de flamboyants, solitude et exotisme garantis ! Direction les 3 baies, au-delà de la passe sud, face à l'océan Indien, baie des Dunes, des Pigeons et Sakalave.
Depuis Ramena, on y accède par le camp d'Orangea. Bien qu'il soit désaffecté, la barrière est baissée et il convient d'y verser au gardien toujours en poste un "droit d'entrée"... variable selon qu'on est vazaha, résident ou malgache et qui viendra arrondir, au choix, sa solde, sa retraite ou lui permettre de s'offrir une THB ce soir... Et maintenant, à nous les vastes horizons !
Première halte, les anciennes installations fortifiées du Cap Miné -poste avancé du dispositif militaire français- qui gardaient la passe à l'entrée dans la Baie. Canons rongés par le sel, miradors et casemates, un quai bâti pour affronter les tempêtes... drôle d'atmosphère. Ensuite, la piste se détériore très vite... Rapidement, une nouvelle halte s'impose. Le phare et la maison du gardien nous proposent justement un panoramique à 180° sur l'Océan Indien et la côte, d'une beauté sauvage époustouflante... La réverbération est tellement intense qu'on a du mal à garder les yeux ouverts, même derrière les lunettes... A perte de vue, trois lignes de couleurs, le blanc du sable, le vert de la forêt et le bleu saphir de l'eau... Pour une fois, personne ne parle ! De toutes façons, le vent est tellement fort qu'il y a peu de chances de se faire entendre !
La piste redescend vers la baie des Dunes, déserte évidemment, sauvage en diable avec de grosses vagues tranquilles. Allez, on met le Kangoo à l'ombre et hop ! baignade dans l'eau limpide ! Il paraît qu'en Juillet les tortues viennent y pondre... on se satisfait quand même des poissons de toutes les couleurs qui viennent nous lécher les pieds... La matinée est bien entammée maintenant, on n'a pas avancé aussi vite qu'on l'avait imaginé... et rien à manger ! Qu'à celà ne tienne... Emilie part négocier avec des pêcheurs et festin de poissons grillés au menu !! Elle est pas belle la vie ? Malgré le vent incessant, la température est difficilement supportable... On réintègre le Kangoo et sa clim. La piste s'écarte de la plage et c'est entre deux rangées d'épineux qu'on roule jusqu'à la baie Sakalave. Sauvage évidemment, immense bien entendu, sable blanc et mer de toutes les nuances de bleu again, une poignée de kiters et wind-surfers y tirent des bords de folie !! C'est LE spot du nord de l'île...
Eblouis par la lumière, étourdis par le vent et repus de couleurs et de soleil, en regagnant Diego, on a l'impression de revenir du bout du monde... Nouvel objectif : Le Ponton. Un resto-bar qu'Olivier nous a recommandé pour aller y contempler le coucher de soleil. La mer d'un côté, la montagne de l'autre... Sauf qu'il n'est dans aucun guide, que personne ne semble le connaître, même pas Monsieur Google... Finalement, après tours, détours et demi-tours le long de la lagune, on trouve. THB et achards pour tout le monde ! Malgré l'obscurité qui tombe très vite, à côté, le chantier naval voisin semble toujours en pleine activité. Tout le long de la côte ouest, la navigation est intense... boutres et goélettes assurent le transport des marchandises. Dans un pays où le carburant reste hors de prix, l'état et l'entretien des routes aléatoires, la navigation à la voile a toujours de beaux jours devant elle. Effectivement, deux bateaux sont en chantier. Pas de plans, ni de schémas, pas davantage de dessins, tout se transmet oralement... Pour la petite histoire, les Malgaches tiennent leur savoir-faire de bretons qui avaient été envoyés au 19ème siècle créer une école de charpenterie marine à la demande du souverain de l'époque, las que les pirogues soient une proie trop facile pour les boutres arabes sur le canal du Mozambique.
On va terminer la journée chez un cousin d'Emilie. Plongée dans la réalité malgache. Lui, ingénieur électronicien, elle, conseillère d'éducation dans une école primaire. Deux salaires. Ils vivent avec sa mère à elle et leur fille dans une cabane en bidon, parfaitement aménagée mais pas d'espace intime, l'eau dans la cour, l'électricité quand il y en a... Ils sont cependant propriétaires de leur terrain, cadastré de surcroît ce qui ici est capital si on ne veut pas se faire contester son droit de propriété... Mais une maison en dur ? Non, ce n'est pas envisageable... Voilà qui nous laisse rêveurs en pensant à la maison de François accrochée à la colline face à la mer...
jeudi 24 mai 2012
Diego J2. Diego
La pluie nous a rattrappés.... Les 3 baies, ce ne sera donc pas pour aujourd'hui ! Mais, il pleut vraiment très fort... Option voiture inévitable... On se décide donc pour faire un tour de reconnaissance dans Diego avant de prendre la route de Joffreville.
Hier, nous l'avons remontée inondée de soleil, mais sous la pluie, la rue Colbert, avec son enfilade de maisons coloniales aux larges varangues, dégage une tout autre atmosphère... Tout semble figé... L'averse a avalé toutes les couleurs et toutes les façades semblent avoir la même : délavée. Où sont passés les teintes pastels de bleu ou de rose, les verts criards et toutes les nuances d'ocre ??
Au bout, se dessine une imposante batisse entourée de ravenalas : c'était la Résidence du Gouverneur... Plus loin, les portiques et les arcades de l'ex-hôtel de la Marine -l'Hôtel de Diego du temps des colons. Détruit par un cyclone il y a bien longtemps, il est envahi par les arbres et recouvert de graffitis... A côté, un kiosque à musique... Autant de témoins décatis d'une époque révolue...
On continue jusqu'à la place Joffre, d'où aujourd'hui comme hier, les habitants de Diego viennent voir arriver et partir les bateaux... La perspective sur la rade est différente : moins carte postale. Au premier plan, les installations du port de commerce avec des montagnes de containers de toutes les couleurs, des grues, des cargos à quai... Au loin, le chantier naval, les installations de l'ancien port militaire français -investi par l'armée malgache- et le quartier résidentiel des officiers et des matelots. Les rues ont gardé leurs noms... rue d'Alsace, de Lorraine, de Touraine ou de Provence... Maisons et immeubles sont habités par des familles malgaches mais n'ont pas vraiment bien vieillis... La place devant l'ancien foyer des légionnaires, difficile d'imaginer l'animation qui devait y régner ! offre un nouveau point de vue sur la baie. Bouts de mémoire d'un passé de feu... Le temps semble s'être arrêté... mais la pluie ne doit rien arranger...
Changement d'ambiance... on arrive dans l'animation du quartier d'Anketa, le quartier traditionnel de Diego. Fez et djellabas se mélangent aux saris ou aux lambas que les femmes malgaches portent noués à la taille. Les marchés, les magasins, les maisons de bois et de tôle reprennent possession des rues... la vie malagache, quoi !
A Diego, les colons et les militaires avaient recréé un bout de France, il leur fallait donc un lieu de villégiature pour prendre le frais pendant les week-ends et où se retirer l'été. Ils ont donc créé Joffreville, à une trentaine de kilomètres mais 800m d'altitude... Des batisses au charme surranné, de jolies maisons coloniales parfaitement décrépies, des trottoirs défoncés, c'est Joffreville aujourd'hui. Un village un peu fantôme baignant dans une atmosphère hors du temps, pluie et végétation luxuriante en plus !
Retour sur Diego à nouveau écrasée de chaleur sous un ciel uniformément bleu. Les rues sont à nouveau le domaine des célèbres taxis-4L jaunes, emblématiques de Diego. James, le taximan, avec qui on a discuté ce midi à Joffreville où il accompagnait quelques Français, nous a expliqué que non seulement ils sont trop nombreux mais que maintenant, en centre ville, ils ont à faire face à la concurrence des rich-shaw importés de Chine et aux tarifs beaucoup moins chers.
Il nous bien plu James... ses clients étaient plus qu'élogieux sur son sérieux et sa gentillesse. On a donc fait affaire avec lui pour nous emmener samedi à Ramena -puisque Patrick et Emilie nous auront quittés pour Nosy Comba- et à l'aéroport dimanche... En prime, il s'occupe de nous trouver un bateau pour la mer d'Emeraude !
Fin d'après-midi à flâner dans la rue Colbert. Jolies boutiques, artisanat de qualité, terrasses accueillantes, animation bon enfant... Diego est en train de nous conquérir !!
Hier, nous l'avons remontée inondée de soleil, mais sous la pluie, la rue Colbert, avec son enfilade de maisons coloniales aux larges varangues, dégage une tout autre atmosphère... Tout semble figé... L'averse a avalé toutes les couleurs et toutes les façades semblent avoir la même : délavée. Où sont passés les teintes pastels de bleu ou de rose, les verts criards et toutes les nuances d'ocre ??
Au bout, se dessine une imposante batisse entourée de ravenalas : c'était la Résidence du Gouverneur... Plus loin, les portiques et les arcades de l'ex-hôtel de la Marine -l'Hôtel de Diego du temps des colons. Détruit par un cyclone il y a bien longtemps, il est envahi par les arbres et recouvert de graffitis... A côté, un kiosque à musique... Autant de témoins décatis d'une époque révolue...
On continue jusqu'à la place Joffre, d'où aujourd'hui comme hier, les habitants de Diego viennent voir arriver et partir les bateaux... La perspective sur la rade est différente : moins carte postale. Au premier plan, les installations du port de commerce avec des montagnes de containers de toutes les couleurs, des grues, des cargos à quai... Au loin, le chantier naval, les installations de l'ancien port militaire français -investi par l'armée malgache- et le quartier résidentiel des officiers et des matelots. Les rues ont gardé leurs noms... rue d'Alsace, de Lorraine, de Touraine ou de Provence... Maisons et immeubles sont habités par des familles malgaches mais n'ont pas vraiment bien vieillis... La place devant l'ancien foyer des légionnaires, difficile d'imaginer l'animation qui devait y régner ! offre un nouveau point de vue sur la baie. Bouts de mémoire d'un passé de feu... Le temps semble s'être arrêté... mais la pluie ne doit rien arranger...
Changement d'ambiance... on arrive dans l'animation du quartier d'Anketa, le quartier traditionnel de Diego. Fez et djellabas se mélangent aux saris ou aux lambas que les femmes malgaches portent noués à la taille. Les marchés, les magasins, les maisons de bois et de tôle reprennent possession des rues... la vie malagache, quoi !
A Diego, les colons et les militaires avaient recréé un bout de France, il leur fallait donc un lieu de villégiature pour prendre le frais pendant les week-ends et où se retirer l'été. Ils ont donc créé Joffreville, à une trentaine de kilomètres mais 800m d'altitude... Des batisses au charme surranné, de jolies maisons coloniales parfaitement décrépies, des trottoirs défoncés, c'est Joffreville aujourd'hui. Un village un peu fantôme baignant dans une atmosphère hors du temps, pluie et végétation luxuriante en plus !
Retour sur Diego à nouveau écrasée de chaleur sous un ciel uniformément bleu. Les rues sont à nouveau le domaine des célèbres taxis-4L jaunes, emblématiques de Diego. James, le taximan, avec qui on a discuté ce midi à Joffreville où il accompagnait quelques Français, nous a expliqué que non seulement ils sont trop nombreux mais que maintenant, en centre ville, ils ont à faire face à la concurrence des rich-shaw importés de Chine et aux tarifs beaucoup moins chers.
Il nous bien plu James... ses clients étaient plus qu'élogieux sur son sérieux et sa gentillesse. On a donc fait affaire avec lui pour nous emmener samedi à Ramena -puisque Patrick et Emilie nous auront quittés pour Nosy Comba- et à l'aéroport dimanche... En prime, il s'occupe de nous trouver un bateau pour la mer d'Emeraude !
Fin d'après-midi à flâner dans la rue Colbert. Jolies boutiques, artisanat de qualité, terrasses accueillantes, animation bon enfant... Diego est en train de nous conquérir !!
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