Nos billets en poche, toujours avec Harry, direction le service des permis de conduire. Comme Haingo, Harry et son collègue ont été formels. Pierre doit pouvoir faire faire un duplicata de son permis "grosse moto", obtenu il y a 30 ans... et volé à son retour en France, donc jamais validé. Olivier a bien rigolé un peu, mais bon... c'est l'occasion ou jamais d'essayer ! Arriver dans un 4x4 à la plaque verte, çà aide... on ne fait pas la queue. Harry discute en malgache avec le fonctionnaire dans la cour qui nous oriente vers un bureau où, même scénario et re-discussion en malgache mais, là, le fonctionnaire rigole carrément ! On se croît où ? Dans une préfecture française ? Ici, pas d'archivage indexé. Donc, si on a une carte de résident, les pièces justificatives qui vont bien et 6 mois devant nous, çà pourrait être possible... Avec une enveloppe, peut être un peu plus rapidement... Bon, au moins on a essayé !
La suite, c'est balade à pied dans Tana. Harry nous a laissés en haut de l'avenue de l'Indépendance.
Au travers de toutes ces allées et venues en voiture, qui n'ont été que montées et descentes, je me suis bien rendue compte que la ville est tout en reliefs avec des quartiers bien différenciés. Ville haute, avec de belles maisons avec colonnades, lambris et varangues héritées de l'époque coloniale, le Palais de Reine et des rues tortueuses, ville intermédiaire, aux avenues plus larges avec les grands hotels, les ambassades et le palais présidentiel et ville basse avec tout le reste ! Et pour les relier, des escaliers qui partent de l'avenue de l'Indépendance tout en bas.
On démarre par le marché Anakalely qui a remplacé le mythique et trop peu sûr zoma. Côté sécurité justement, on a été briefé par Véronique. Donc, rien d'apparent ni rien qui puisse susciter la convoitise. Sur les conseils d'Olivier, j'ai retiré ma chaîne et mes boucles d'oreilles... Comme d'habitude les doubles de ses papiers et de l'argent pour la journée dans une pochette à la ceinture à l'intérieur de ses vêtements pour Pierre, la même chose pour moi dans un petit sac en bandoulière porté sous ma veste et de petites coupures dans nos poches. Et consciencieusement Harry nous a passés en revue avant qu'on quitte la voiture... On va rester sur nos gardes, mais on ne se sentira jamais agressé autrement que par les vendeurs de rues qui ne renoncent jamais rapidement...
Hormis la disparition du zoma, Pierre trouve que pas grand chose n'a changé... mêmes cafés, mêmes boutiques, même animation, même circulation anarchique, le centre culturel Albert Camus où le passage d'un autre Olivier avait quelque peu bousculé les habitudes est toujours là, les taxis aussi... On flâne tranquillement au milieu des employés qui commencent à sortir pour déjeûner d'achards vendus en bouteilles de plastique et de sambos frits dans une huile malgré tout un peu douteuse... Au bout de l'avenue, une large place fermée par des grilles avec ce qui a été la gare de Tana. Plus de trains de voyageurs aujourd'hui, hormis la mythique micheline qui rallie Andasibé certains wee-end, mais elle a été entièrement restaurée et extérieurement, dégage un charme surané. Le hall a été transformé en galerie marchande, l'architecture intérieure a été préservée et le buffet de la gare est plus vrai que nature avec ses banquettes en moleskine, ses nappes blanches, ses éclairages tamisés et ses serveurs en grands tabliers blancs. On y déjeunerait bien mais Véronique et Olivier nous ont conseillé Le Palissandre et sa terrasse avec vue sur la ville haute. Vue, carte, on ne sera pas déçu.
Ensuite, direction le marché de la Digue. Marché artisanal fonctionnel où dans notre voiture à la plaque verte, chaperonnés par Harry, on ne passe pas inaperçus... Il faut dire que le touriste se fait rare ces temps ci dans la grande île.... Raphia, broderie, bois, marquetterie on y trouve tout ce que l'artisanat malgache peut produire. La mise à prix ? Fonction de ce que les vendeurs, voire les rabatteurs, perçoivent du client.... Touriste sur le départ ? de passage ? vazahas résident qui s'installe ? Une chose est sûre, il faut avoir envie de discuter !