Aujourd'hui, encore un bout de RN7 avant de partir vers l'est et Ranomafana.
Départ matinal sous le soleil. Haingo trouve d'ailleurs qu'on a beaucoup de chance avec la météo ! Depuis qu'on est ensemble, il fait toujours beau...
Au bout d'un moment, pause café. Bien sûr, à peine le 806 arrêté, on est assailli par les gamins toujours aussi volubiles. Bonjour vazaha... Stylo vazaha... Savon vazaha... Rien que de très habituel. Souvent, il s'agit surtout d'un jeu entre eux pour rentrer en communication et ils n'insistent guère... Mais aussi, plus inhabituel et dérangeant dans sa formulation, donne moi l'argent ! Les subtilités du français semblent s'être perdues au fil des générations... un des bénéfices de la "malgachisation" de l'enseignement...
Comme d'habitude, ils retournent rapidement à leurs jeux mais l'un d'entre eux engage la conversation. Bonjour, je m'appelle Antonio. Comment t'appelles tu ?... D'où viens tu ?... Où vas tu ? Moi, j'ai 9 ans. Quel âge as-tu ? Oui, je vais à l'école. Je suis au CM1. Je suis intriguée... Il ne nous demande rien, ne nous propose rien, il s'exprime bien et clairement, son envie de bien faire est touchante. Une dame se tient un peu en retrait. C'est ta maman ? Elle s'approche et nous explique qu'elle lui apprend le français et l'anglais car bien parler les langues des vazahas, c'est la seule vraie chance de s'en sortir pour les Malgaches... et que, aujourd'hui, les instituteurs ne savent plus "le bon français"... et que de toutes façons, les écoles sont fermées depuis des mois car ils sont en grève... alors, elle l'encourage à aller discuter avec les touristes de passage...
Bizarre cette question de grève des enseignants... On entend tout et son contraire.... Qu'ils demandent une augmentation de salaire que le gouvernement leur refuse, qu'ils refusent ce que leur propose le gouvernement, qu'ils continuent d'être payés -30€ par mois environ pour un instituteur.... et qu'ils font durer parce que pendant ce temps ils vont aux champs et gagnent bien davantage.... Et les enfants pendant ce temps là ? dans la rue... Revenons à Antonio et à sa maman... ils nous proposent quand même des broderies de scènes traditionnelles malgaches. Les quelques milliers d'Ariary qu'ils en demandent nous semblent largement mérités ! Ce sera un vrai souvenir d'une belle rencontre... et promis, on leur enverra les photos !
Direction Ranomafana maintenant ! La route est toujours en aussi bon état mais beaucoup moins de trafic... juste des taxis-brousse et des camions. L'endroit est célèbre pour deux raisons : il y pleut quasiment toute l'année -sauf aujourd'hui ! enfin, "pour l'instant", tempère Haingo et pour sa source d'eau chaude. Pour une troisième aussi, mais plus récente : son parc national.
La descente est impressionnante... une forêt dense s'accroche au relief et dévale vers la vallée -on va passer de presque 1500m à 600- de l'eau partout... cascades, rivères... L'Amazonie, çà doit ressembler à çà... Peu à peu, les eucalyptus cèdent la place aux arbres du voyageurs, palmiers de toutes sortes, bananiers, fougères arborescentes... Même plus de rizières... Des arbres, des arbres, des arbres... immenses. L'enfer vert -version soft ! Haingo nous précise quand même que c'est infesté de serpents, d'araignées géantes, de moustiques évidemment et de plein d'autres petites bêtes adorables... Malin, çà donne envie pour demain !
On s'installe à l'hôtel Ihary -choisi par Haingo- avec ses bungalows le long de la rivière. Ouf, il y a une moustiquaire ! De toutes façons, même pas peur ! on a nos serpentins-qui-tuent. Mais bon, c'est rassurant... Notons, qu'il ne pleut toujours pas ! Tout va donc pour le mieux d'autant que nous avons réussi à convaincre à Haingo de ne pas déjeuner au milieu des vazahas. Le petit hotely sur lequel on jette notre dévolu s'appelle "chez Claire". çà doit être de bon augure ! Effectivement, écrevisses à gogo !
Après-midi tranquille à déambuler dans le village. Ranomafana ne serait sans doute jamais sorti de l'anonymat sans sa source d'eau chaude autour de laquelle les colons édifèrent un centre thermal. Donc, bains, hôtel tendance Vichy, à moins que ce ne soit Vittel. Le tout parfaitement décrépi... Les bains pourtant sont toujours en activité... Mais il faut vraiment avoir envie... ou besoin peut être ? Dommage, l'ensemble, bien restauré, ne serait pas sans charme... D'autant qu'autour, ce ne sont pas les lodges récents qui manquent...
C'est pas tout çà, mais maintenant, il faut se préparer.... Ce soir, on a découverte des caméléons nocturnes dans le parc ! Et oui... comme chacun sait ou devrait savoir, il y a les caméléons diurnes et les caméléons nocturnes ! Pantalons, chaussettes, baskets, pull à manches longues et veste de pluie. Ah oui, au fait, il pleut ! Lampes torche aussi. On se trouve mutuellement d'une élégance folle et on part retrouver Rodin, notre guide. Rentrer dans le parc sans guide, même pas la peine d'y penser !
Quelques kilomètres en 4x4 et "tout le monde descend!" . C'est là que la lampe torche trouve tout son intérêt parce que l' obscurité est to-ta-le ! Nous voilà partis sur un sentier où on n'y voit goutte. Enfin, si , c'est presque la seule chose qu'on voit... Celles qui passent au bout de notre nez... Rodin, lui, allume sa lampe par intermittence et l'agite dans tous les sens pour fouiller les arbres. Pas de caméléons pour l'instant mais un groupe de lémuriens qui vient voir les vazahas du soir... et sûrement, au bruit qu'elles font, plein de grenouilles partout... Et les caméléons, comment on les voit ?? Facile.... ils réfléchissent la lumière ! C'est pour çà que Rodin a l'air d'envoyer des messages en morse... Et soudain, devant nous, une tâche fluorescente ! Ils sont même plusieurs ! En fait, les caméléons nocturnes ne ressemblent pas du tout aux caméléons tels qu'on se les imagine... ils sont tout petits et ont l'air de gros têtards... On va en voir ensuite à plusieurs reprises, mais le plus grand fait à peine une dizaine de centimètres. Ce qui est bien, c'est que de se faire braquer la lumière en pleine figure n'a absolument pas l'air de les gêner... Tranquilles... On peut donc regarder et photographier à notre guise !
Retour à l'hôtel et SMS aux enfants pour leur demander de nous envoyer le résultat des élections, parce que ni connection Internet, ni réception de RFI. La réponse d'Olivier ne se fait pas attendre : tant pis pour vous !. Damien et Claire accusent réception de façon plus conventionnelle...