Au programme de ce dernier jour tous ensemble, un raid de folie... Dunes désertes de sable blanc qui dévalent vers la mer, camaïeux d'eaux turquoises... dépaysement total, forêt de baobabs, de palissandre et de flamboyants, solitude et exotisme garantis ! Direction les 3 baies, au-delà de la passe sud, face à l'océan Indien, baie des Dunes, des Pigeons et Sakalave.
Depuis Ramena, on y accède par le camp d'Orangea. Bien qu'il soit désaffecté, la barrière est baissée et il convient d'y verser au gardien toujours en poste un "droit d'entrée"... variable selon qu'on est vazaha, résident ou malgache et qui viendra arrondir, au choix, sa solde, sa retraite ou lui permettre de s'offrir une THB ce soir... Et maintenant, à nous les vastes horizons !
Première halte, les anciennes installations fortifiées du Cap Miné -poste avancé du dispositif militaire français- qui gardaient la passe à l'entrée dans la Baie. Canons rongés par le sel, miradors et casemates, un quai bâti pour affronter les tempêtes... drôle d'atmosphère. Ensuite, la piste se détériore très vite... Rapidement, une nouvelle halte s'impose. Le phare et la maison du gardien nous proposent justement un panoramique à 180° sur l'Océan Indien et la côte, d'une beauté sauvage époustouflante... La réverbération est tellement intense qu'on a du mal à garder les yeux ouverts, même derrière les lunettes... A perte de vue, trois lignes de couleurs, le blanc du sable, le vert de la forêt et le bleu saphir de l'eau... Pour une fois, personne ne parle ! De toutes façons, le vent est tellement fort qu'il y a peu de chances de se faire entendre !
La piste redescend vers la baie des Dunes, déserte évidemment, sauvage en diable avec de grosses vagues tranquilles. Allez, on met le Kangoo à l'ombre et hop ! baignade dans l'eau limpide ! Il paraît qu'en Juillet les tortues viennent y pondre... on se satisfait quand même des poissons de toutes les couleurs qui viennent nous lécher les pieds... La matinée est bien entammée maintenant, on n'a pas avancé aussi vite qu'on l'avait imaginé... et rien à manger ! Qu'à celà ne tienne... Emilie part négocier avec des pêcheurs et festin de poissons grillés au menu !! Elle est pas belle la vie ? Malgré le vent incessant, la température est difficilement supportable... On réintègre le Kangoo et sa clim. La piste s'écarte de la plage et c'est entre deux rangées d'épineux qu'on roule jusqu'à la baie Sakalave. Sauvage évidemment, immense bien entendu, sable blanc et mer de toutes les nuances de bleu again, une poignée de kiters et wind-surfers y tirent des bords de folie !! C'est LE spot du nord de l'île...
Eblouis par la lumière, étourdis par le vent et repus de couleurs et de soleil, en regagnant Diego, on a l'impression de revenir du bout du monde... Nouvel objectif : Le Ponton. Un resto-bar qu'Olivier nous a recommandé pour aller y contempler le coucher de soleil. La mer d'un côté, la montagne de l'autre... Sauf qu'il n'est dans aucun guide, que personne ne semble le connaître, même pas Monsieur Google... Finalement, après tours, détours et demi-tours le long de la lagune, on trouve. THB et achards pour tout le monde ! Malgré l'obscurité qui tombe très vite, à côté, le chantier naval voisin semble toujours en pleine activité. Tout le long de la côte ouest, la navigation est intense... boutres et goélettes assurent le transport des marchandises. Dans un pays où le carburant reste hors de prix, l'état et l'entretien des routes aléatoires, la navigation à la voile a toujours de beaux jours devant elle. Effectivement, deux bateaux sont en chantier. Pas de plans, ni de schémas, pas davantage de dessins, tout se transmet oralement... Pour la petite histoire, les Malgaches tiennent leur savoir-faire de bretons qui avaient été envoyés au 19ème siècle créer une école de charpenterie marine à la demande du souverain de l'époque, las que les pirogues soient une proie trop facile pour les boutres arabes sur le canal du Mozambique.
On va terminer la journée chez un cousin d'Emilie. Plongée dans la réalité malgache. Lui, ingénieur électronicien, elle, conseillère d'éducation dans une école primaire. Deux salaires. Ils vivent avec sa mère à elle et leur fille dans une cabane en bidon, parfaitement aménagée mais pas d'espace intime, l'eau dans la cour, l'électricité quand il y en a... Ils sont cependant propriétaires de leur terrain, cadastré de surcroît ce qui ici est capital si on ne veut pas se faire contester son droit de propriété... Mais une maison en dur ? Non, ce n'est pas envisageable... Voilà qui nous laisse rêveurs en pensant à la maison de François accrochée à la colline face à la mer...