La pluie nous a rattrappés.... Les 3 baies, ce ne sera donc pas pour aujourd'hui ! Mais, il pleut vraiment très fort... Option voiture inévitable... On se décide donc pour faire un tour de reconnaissance dans Diego avant de prendre la route de Joffreville.
Hier, nous l'avons remontée inondée de soleil, mais sous la pluie, la rue Colbert, avec son enfilade de maisons coloniales aux larges varangues, dégage une tout autre atmosphère... Tout semble figé... L'averse a avalé toutes les couleurs et toutes les façades semblent avoir la même : délavée. Où sont passés les teintes pastels de bleu ou de rose, les verts criards et toutes les nuances d'ocre ??
Au bout, se dessine une imposante batisse entourée de ravenalas : c'était la Résidence du Gouverneur... Plus loin, les portiques et les arcades de l'ex-hôtel de la Marine -l'Hôtel de Diego du temps des colons. Détruit par un cyclone il y a bien longtemps, il est envahi par les arbres et recouvert de graffitis... A côté, un kiosque à musique... Autant de témoins décatis d'une époque révolue...
On continue jusqu'à la place Joffre, d'où aujourd'hui comme hier, les habitants de Diego viennent voir arriver et partir les bateaux... La perspective sur la rade est différente : moins carte postale. Au premier plan, les installations du port de commerce avec des montagnes de containers de toutes les couleurs, des grues, des cargos à quai... Au loin, le chantier naval, les installations de l'ancien port militaire français -investi par l'armée malgache- et le quartier résidentiel des officiers et des matelots. Les rues ont gardé leurs noms... rue d'Alsace, de Lorraine, de Touraine ou de Provence... Maisons et immeubles sont habités par des familles malgaches mais n'ont pas vraiment bien vieillis... La place devant l'ancien foyer des légionnaires, difficile d'imaginer l'animation qui devait y régner ! offre un nouveau point de vue sur la baie. Bouts de mémoire d'un passé de feu... Le temps semble s'être arrêté... mais la pluie ne doit rien arranger...
Changement d'ambiance... on arrive dans l'animation du quartier d'Anketa, le quartier traditionnel de Diego. Fez et djellabas se mélangent aux saris ou aux lambas que les femmes malgaches portent noués à la taille. Les marchés, les magasins, les maisons de bois et de tôle reprennent possession des rues... la vie malagache, quoi !
A Diego, les colons et les militaires avaient recréé un bout de France, il leur fallait donc un lieu de villégiature pour prendre le frais pendant les week-ends et où se retirer l'été. Ils ont donc créé Joffreville, à une trentaine de kilomètres mais 800m d'altitude... Des batisses au charme surranné, de jolies maisons coloniales parfaitement décrépies, des trottoirs défoncés, c'est Joffreville aujourd'hui. Un village un peu fantôme baignant dans une atmosphère hors du temps, pluie et végétation luxuriante en plus !
Retour sur Diego à nouveau écrasée de chaleur sous un ciel uniformément bleu. Les rues sont à nouveau le domaine des célèbres taxis-4L jaunes, emblématiques de Diego. James, le taximan, avec qui on a discuté ce midi à Joffreville où il accompagnait quelques Français, nous a expliqué que non seulement ils sont trop nombreux mais que maintenant, en centre ville, ils ont à faire face à la concurrence des rich-shaw importés de Chine et aux tarifs beaucoup moins chers.
Il nous bien plu James... ses clients étaient plus qu'élogieux sur son sérieux et sa gentillesse. On a donc fait affaire avec lui pour nous emmener samedi à Ramena -puisque Patrick et Emilie nous auront quittés pour Nosy Comba- et à l'aéroport dimanche... En prime, il s'occupe de nous trouver un bateau pour la mer d'Emeraude !
Fin d'après-midi à flâner dans la rue Colbert. Jolies boutiques, artisanat de qualité, terrasses accueillantes, animation bon enfant... Diego est en train de nous conquérir !!