A l'extrémité nord de Madagascar, avec le Canal du Mozambique à l'Ouest et l'Océan Indien à l'est, la baie de Diego est la deuxième plus grande baie du monde après celle de Rio. Rade extraordinaire, mais aussi repaire naturel et position stratégique... Pirates, commerçants, négriers, Portugais et enfin Français en ont fait successivement leur base. Durant un siècle, Diego a été la base de la Marine Française dans l'Océan Indien. Pendant la deuxième guerre, sa possession a donné lieu à de violents combats entre la Royal Navy et les Forces Françaises Libres d'un côté et les pétainistes ou les Japonais de l'autre. Sur les fonds de la baie, bien des épaves témoignent de cette histoire mouvementée et sont autant de spots de plongée.
Hier soir, on est arrivé dans l'obscurité complète. Pas la moindre idée des environs... Juste que la maison se situe en lisière de l'Université. Aussi, ce matin, dès qu'on met le pied dehors, c'est l'éblouissement... Une grande maison toute blanche, accrochée à la colline qui plonge vers la mer intensément bleue... Vue panoramique sur la baie de Diego avec le Pain de Sucre au premier plan !!!!!! Pas un bruit, à peine plus de maisons... aussi loin que porte le regard, le rouge de la terre, le vert des forêts, des rizières ou de la mangrove, le bleu de la mer et celui du ciel... C'est beau à couper le souffle ! La maison de François est bâtie sur d'anciens terrains militaires... Ici, comme ailleurs, ils ne s'installent pas aux plus vilains endroits...
Dire qu'on a 5 jours devant nous ! D'autant que, grande nouvelle, François et Pénélope, bien qu'ils partent aujourd'hui pour Nosy Comba, nous proposent de rester chez eux jusqu'à notre départ ! Un vrai cadeau ! Déjà, depuis une semaine, on a l'impression d'être passé du mode "touristes" à celui de "voyageurs"... là, on bascule carrément en "résidents" !!
Nous voilà libérés de la contrainte de trouver un hébergement. Ne reste plus qu'à s'organiser pour profiter au mieux des jours qui viennent. Passage en revue nos envies ... Diego City, les 3 baies, la mer d'Emeraude, Ramena, Joffreville, la montagne des Français, la montagne d'Ambre, le cap d'Ambre, les tsingy rouges... Il va falloir faire des choix, et s'adapter à la météo -pas excellente pour demain, la chaleur -pas encore 9h et le thermomètre frôle les 35°- et plus inattendu pour nous à un fort vent qui souffle sans discontinuer. Mais avant de repartir à l'aventure, il faut faire réparer la roue.
Direction Diego donc et un atelelier de mécanique. Au sortir de l'université, on est tout de suite frappé par l'atmosphère très particulière de la ville. Tout semble s'y dérouler au ralenti, enveloppé dans la moiteur... mora-mora... La population est encore plus cosmopolite que partout ailleurs... Malgaches, Comoriens, Karanes, Chinois, Vazahas et.... métis ! Un festival de couleurs et de traditions vestimentaires !
Aux ruelles étroites bordées d'habitations traditionnelles enfouies dans la végétation fleurie succèdent rapidement de larges avenues, envahies par les fameux taxis 4L jaunes, inondées de soleil avec de belles maisons dont les rez-de-chaussée sont occupés par des commerces. Pas le moindre problème pour dénicher un atelier de mécanique.... mais -sans surprise- il va y en avoir pour un moment !
La grande mosquée, le bazary Kelly -un marché- sont à quelques rues. On profite ! Le temps d'attrapper une bouteille d'Eau Vive, on est parti. Cyber-cafés, épiceries, coiffeurs, cordonniers, matériel informatique, tissus, fruits et légumes les magasins succèdent aux échoppes... Les enfants sortent de l'école et nous saluent du désormais habituel "eh vazahas!" Il fait vraiment très chaud et pas moyen de marcher à l'ombre... pas d'ombre, tellement le soleil est haut ! Il va falloir s'adapter... Même mora-mora l'heure tourne et il n'est pas loin de midi. La roue n'est pas prête et on décide de s'installer dans la fraîcheur de la terrasse du Mora-Mora juste à côté. "Bien et pas cher" dit le PtF. Bien mieux que çà ! Les brochettes de poisson sont un vrai régal, les sambos plus que savoureux !! et le budget effectivement, vraiment très, très raisonnable...
Les choses s'enchaînent bien ! A peine le café terminé, le petit mécano vient nous dire que la roue est prête.
Pas mécontents de profiter de la clim du Kangoo, on prend tranquillement la direction de Ramena -Ramèn-, un village de pêcheurs à une petite vingtaine de kilomètres. La route est en bon état et suit la côte... Mer limpide, mangrove, le dépaysement est total ! Et côté couleurs et contrastes, on en prend plein les yeux !
Ramena : quelques maisons, un bout de jetée, une longue plage de sable blanc, évidemment quasi déserte, une mer bleu saphir, des vaguelettes, des barques de pêche qui se balancent mollement... un véritable cliché pour les affiches des voyagistes !!
Baignade, farniente à l'ombre, on profite tranquillement... En prime, "scènes de la vie traditionnelle" avec le retour des pêcheurs en fin d'après-midi. Et là, une rencontre improbable : Jacqueline.
Une plantureuse femme malgache nous aborde avec les inévitables questions : vacances, résidents, touristes, d'où ? En général, on répond Marseille, çà évite les explications complémentaires... Mais cette fois, elle veut en savoir plus... d'où? Nous : en fait, on vient d'Aix. Et là, elle nous raconte qu'elle ne vit ici que 4 mois par an, le reste de l'année à Marseille, qu'elle est marchand de biens, construit des villas pour les vazahas ou les riches malgaches, s'occupe de tout avec sa soeur, le terrain, les papiers, les artisans mais fait tout venir de France par containers parce que sur place il n'y a que des produits chinois de mauvaise qualité et qu'elle s'approvisionne chez une des grandes enseignes du bricolage à Marseille ! Si on veut la joindre, il n'y a qu'à la demander, "Jacqueline, la Malgache", ils savent la joindre... Bon, elle nous laisse, il faut qu'elle aide à remonter le filet...
Et pour dîner, une terrasse "première classe", celle du Melville avec vue panoramique sur la baie !