Le départ était prévu à 7h45, mais chargement, déchargement, rechargement puis arrimage des bagages, tout çà répété plusieurs fois, réparation d'un pneu arrière "fatigué", on a largement eu le temps de profiter de l'animation de la gare routière. Pas loin de 9h quand on démarre... Donc, plongée directe dans les embouteillages ! Une heure pour sortir de Tana, halte pour faire le plein comprise... Le paysage est très différent de ce qu'on a vu au sud, beaucoup plus désertique, la route est en bon état mais beaucoup plus étroite que la RN7 et surtout beaucoup moins fréquentée. On ne croise que des camions et des taxi-brousse. Le confort du nôtre étant très relatif, les suspensions sont un peu "fatiguées" elles aussi, on réalise vite que les places derrière le chauffeur sont peut être les plus sûres mais que pour les jambes, ce n'est pas vraiment çà... Dans chaque village, un barrage de gendarmerie. C'était déjà le cas sur la RN7 mais les voitures particulières ne sont que rarement contrôlées... les taxi-brousse, eux, systématiquement...
Il nous a fallu deux ou trois arrêts pour nous rendre compte que c'est l'occasion d'une petite manip qui n'est pas sans rappeler les pratiques du policier du train ou scènes ordinaires de l'abus systématique de position dominante. Au départ, le chauffeur avait étalé sur le tableau de bord, un bonne dizaine de journaux du jour. Premier arrêt, il tend les papiers du bus au gendarme qui contrôle le nombre de passagers par banquette, plus vaguement la hauteur du chargement et les lui rend sans les avoir ouverts. En échange, ce dernier lui tend un journal. Sympa d'apporter les nouvelles du jour ! Deuxième arrêt, le gendarme commence par réclamer le journal... pas cool quand même ! A chaque contrôle, le même manège, dans une ambiance plus ou moins cordiale... En fait, les taxi-brousse sont rackettés. Dans chaque journal le "prix" du passage...
Evidemment, on est les seuls vazahas du bus. Pas bavards nos compagnons de voyage. on pourrait entendre une mouche voler, en profiter pour écouter nos i-pod mais pas de chance, la sono est à fond !! Que des classiques français.... Johnny, Patricia Kass, France Gall et Michel Berger, Brel au mieux... En boucle. Pendant les 13 heures du voyage... Parce que demander de baisser, peine perdue.... On gagne quelques minutes, mais à chaque fois, çà repart de plus belle... et de toutes façons, on est les seuls que çà a l'air de déranger... Au fond, peut être que çà l'aide à rester réveillé, le chauffeur ? C'est vrai que la route est monotone... En fait, il ne la regarde pas beaucoup... Un oeil sur FaceBook, l'autre dans le rétro pour surveiller le pneu arrière...
2 arrêts en tout et pour tout. Un au PK 138 pour déjeuner. Poulet sauce ou poulet sauce ? 6000 Ar avec le thé. Pas de THB ici. Juste du rhum dans l'EPI bar voisin ! et un à la nuit tombée. On pensait être presqu'arrivé... et non, Patrick joint au téléphone nous dit qu'on est seulement à l'intersection des routes vers Diego et Mahajanga et qu'il nous reste encore trois bonnes heures... dans le noir... Dans le bus, mais aussi dehors. Pas d'éclairage public dans les villages traversés... Evidemment, ces dernières heures sont un peu longues...
Pas loin de 22 h quand on fait notre entrée dans la gare routière de Mahajanga. On est quand même bien sonné... Cette gare ferait presque passer le bus pour un havre de douce quiétude... Noir complet, bruit pétaradant des cyclos, des tas de porteurs, de taximen, de pousse-pousse qui s'obstinent à nous proposer leurs services bien qu'on leur ait dit qu'on n'avait besoin de rien... Qu'est ce qu'on est content de voir arriver Patrick et son Kangoo !
Bilan de la journée. 650 kms en 13 heures et quelques... On est complètement vermoulu mais on a notre certificat de taxi-brousse ! Deuxième degré au moins... Recommencer ? .... euh... peut être pas demain mais quand même pas si terrible que çà...