Le père Pedro ? Un prêtre lazariste, argentin, d'origine slovène, maçon, qui s'installe à Tana en 89 et s'engage concrètement aux côtés des Malgaches dans la lutte contre l'appauvrissement. En 20 ans, il a fait mieux que 3 présidents réunis. Sous son impulsion, s'est construite, à partir de l'immense décharge à ciel ouvert de Tana et avec les familles et les enfants qui y vivaient, une véritable ville dans la ville. Chacun, avec l'aide d'Amakasoa, l'association qu'il a fondé, s'y est créé des conditions de vie décentes. Construire une maison, trouver un travail, manger à sa faim, scolariser ses enfants, se soigner. Les règles sont strictes : travail, scolarisation des enfants, sport, éducation, entraide...
La messe du dimanche, conduite le plus souvent par le Père Pedro lui même, est un des temps forts de la vie de la communauté. Petits et grands, jeunes et moins jeunes, tous s'y retrouvent pour un moment de partage et de fête. Cette messe est ouverte à tous, résidents, malgaches, vazahas de passage. Beaucoup de nos amis nous en ont parlé comme d'un grand moment. Aussi quand Olivier et Véronique nous ont interrogés sur nos envies pour cette matinée de dimanche, la réponse était toute prête...
Sur la route qui, à travers les faubourgs de Tana, conduit vers Andralanitra, changement soudain et flagrant. Maisons roses aux volets peints, jardinets bien tenus, trottoirs propres, écoles, dispensaires, gymnases aux abords nets... Un autre monde... En haut de la colline, un grand gymnase qui abrite la messe.
Comité d'accueil "spécial vazahas" et nous sommes rapidement conduits vers nos places. Un couloir, un escalier et le choc ! A l'intérieur, sous une lumière bleuâtre filtrée au travers du toit qui laisse partiellement passer la lumière, il y a plusieurs milliers -3? 4?.... de personnes... Les gradins, les coursives sont bondés, l'espace au centre -le terrain ?- est recouvert d'enfants assis par terre. Nous trouvons tant bien que mal une place. Autant de monde, l'effet est saisissant et un peu étourdissant... Au milieu, un petit autel et le Père Pedro en soutane blanche. Autour, des musiciens, derrière des chorales...
Pendant 3 heures, mais on n'aura pas vu le temps passer, vont se succéder des moments liturgiques et d'échanges, en malgache et en français, alternés avec d'autres plus festifs de chants -eux aussi en malgache et en français- et de danses, ponctués d'applaudissements... Pendant tout ce temps, chacun va et vient comme bon lui semble...
Mais le Père Pedro est aussi un homme de communication... Parmi les vazahas, il a repéré Olivier. L'AFD est un gros opérateur dans l'opération de réhabilitation et de réorganisation de la décharge. Il ne manque pas de le rappeler et de l'en remercier devant toute sa communauté.
Evidemment, c'est fort en émotions ! Parce qu'il se dégage une atmosphère de grande communion et de joie, que les visages rayonnent et qu'être entourés de 4000 personnes qui chantent ensemble -et oui- çà fait quelque chose...
A la sortie, comme n'importe quel prêtre dans n'importe quelle paroisse, le Père Pedro discute avec ses ouailles. Mais le gestionnaire n'est jamais loin. Il vient saluer Olivier. Photo ? Pas osé assez vite. Avec Pierre ensuite. Des enfants viennent vers nous. Ici, aucun ne quémande quoi que ce soit... juste nous demander notre nom et d'où on vient et nous proposer de faire un bout de chemin ensemble pour découvrir le quartier. On va finir sur le toit de l'école avec vue imprenable sur la décharge -briefing in situ sur les travaux en cours- et sur les premières maisons construites sous l'impulsion du Père Pedro.