mercredi 30 mai 2012

Tana-Paris

Nos bagages sont enregistrés. Même nos arbres ! On a fait nos adieux à Harry. Nous voilà en salle d'embarquement maintenant.... Presque deux heures à attendre....
Beaucoup d'images qui s'entremêlent.... En un mois, on a rencontré des gens remarquables ou étonnants - Haingo, Antonio, Rodin, Patrice, François et Pénélope, voire même exceptionnels -le Père Pedro, partagé ensemble et avec nos amis Patrick et Emilie, Olivier,Véronique et Valérie des moments intenses, on a voyagé en taxi-brousse et en 4x4, on a navigué en pirogue et sur un boutre, vu le soleil se lever sur l'Océan Indien et se coucher sur le Canal du Mozambique, randonné dans la forêt équatoriale, traversé des déserts, voyagé à bord d'un des plus vieux trains du monde encore en service, roulé sur une route mythique et sur des pistes quasi impraticables, on s'est rempli les yeux de vert, de bleu et de rouge.
Et surtout on a vécu au rythme de la grande île... on l'a parcourue en "voyageurs", on a re-découvert ses richesses, on a été envouté par sa beauté fascinante. On a aussi cotoyé le désarroi, voire la détresse des Malgaches, que leur gentillesse ne parvient pas à masquer, devant les difficultés de leur quotidien, on a entendu leurs immenses attentes envers l'Occident et la France en particulier, devant les incertitudes quant à l'avenir de leur pays.
On était arrivé avec une grande question. 35 ans sont passés...  Où en était Madagascar ?  Pierre, Olivier et Patrick sont unanimes, même si leurs analyses et leurs regards sont différents. Le pays a reculé. Jamais, ils n'avaient vu autant de chars à boeufs sur les routes... Les routes, les infrastructures laissées par les Français ne sont pas entretenues. Les quelques chantiers en cours -bouts de routes ou ponts- sont financés par la communauté européenne suite aux différents cyclones. Seuls accèdent à une vie décente, ceux qui se sont créé une petite activité qui les amènent directement aux contacts avec les vazahas ou les touristes....
Certes, il n'y a plus de coopérants... mais les associations humanitaires -omniprésentes- les ont remplacés... Ce qui est sûr, c'est que les Malgaches, eux, se sentent abandonnés, livrés au bon plaisir de quelques familles qui détiennent le pouvoir économique à leur seul profit... Ils savent très bien que leur pays est pillé, que les revenus qui en sont tirés sont réinvestis à l'étranger, que la corruption est partout et que l'argent n'arrive jamais... Ils savent très bien que l'immobilisme politique actuel arrange, en fait, tous ceux de la coalition... qui profitent des avantages liés à l'exercice du pouvoir... donc que la "transition" va durer, que les élections auront lieu aux calendes grecques... Ils savent très bien que l'instruction est la clé de tout, mais ils n'ont pas les moyens d'envoyer régulièrement leurs enfants à l'école et que pour investir pour l'avenir, il faut encore pouvoir s'affranchir du présent, qu'un enfant à l'école, c'est des bras en moins dans les rizières ou un sourire de moins au bord des routes à proposer des fruits ou des bricoles aux touristes...
Alors, certes, on se sent remplis de souvenirs extraordinaires mais aussi avec une certaine tristesse au coeur. Un peu comme quand un endroit familier, auquel on tient, a été abandonné, abîmé ou dévasté...
Mais la porte s'ouvre, l'air au parfum désormais familier nous enveloppe....

mardi 29 mai 2012

Tana

Ce matin a commencé comme une journée "ordinaire". On a pris le petit déjeuner au coin du feu avec Valérie et Véronique puis accompagné Valérie à l'école. C'est ensuite que tout a basculé.... Harry nous a conduits au marché de la Digue, un des marchés d'artisanat de Tana pour y faire nos derniers achats et on a réalisé tout d'un coup que l'avion était pour ce soir.... Drôle d'impression....
Le marché de la Digue, c'est un peu particulier.... une succession d'échoppes sur plusieurs centaines de mètres, des deux côtés de la route. On y trouve tout l'artisanat de Madagascar. Comme bien souvent, les vendeurs sont très perspicaces. Ils arrivent toujours à deviner exactement ce qui vous tente, même si vous faites en sorte de ne rien regarder en particulier pour avoir la paix... Mais, c'est quand ils proposent un prix que les choses commencent à se gâter.... Aussitôt, une multitude de rabatteurs surgit de nulle part avec exactement la même chose à la main et tous vous somment, en même temps et en parlant plus fort les uns que les autres, de leur donner votre prix.... En fait, on est venu avec l'idée d'acheter un palmier ou, voire et, un baobab en raphia... et nous voilà entourés d'une forêt de toutes les couleurs ! A tous les prix... Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'on sait exactement à combien on peut les avoir. Donc, les négociations durent un bon moment, chacun y allant d'une offre plus intéressante que la précédente ou celle de son concurrent... Tout juste s'ils n'en viennent pas aux mains ! Une vraie cacophonie qui donne envie de remonter dans la voiture ! Harry, qui nous suit à distance, sourit...  c'est bon signe ! encore quelques minutes et nous devenons les heureux propriétaires de deux arbres symboles de Madagascar. Un bon mètre chacun quand même... Il va falloir les rapporter en France maintenant !
Direction Lizzie Gallerie maintenant. Un ensemble de jolies boutiques -d'artisanant toujours- en centre ville. Autre ambiance. Vendeuses disponibles et discrètes, clim', coin café et toujours tout l'artisanat malgache mais avec des prix affichés. Comme Véronique nous l'avait dit, ils correspondent en général à ceux qu'on obtient après négociations au marché de la Digue ! Et tout çà tranquillement !
Retour à la vie ordinaire.... il est l'heure d'aller chercher Valérie à l'école. Puis celle de boucler nos bagages. D'emballer le baobab et son copain le palmier aussi.... On s'en sort pas trop mal : des housses plastiques de pressing, du scotch kraft et le tour est joué ! L'après-midi file à toute allure.... Quelques courses encore.... du chocolat, une bouteille de rhum arrangé pour partager avec Robert et  Maryse en Août en Corse, un tour chez Homéopharma... Dernier dîner et c'est l'heure de dire au revoir à Véronique et Valérie. Harry fait déjà tourner le 4x4.... Direction l'aéroport... le coeur qui bat fort..

lundi 28 mai 2012

Ampefy

Ampef'. Drôle d'ambiance ce matin dans la voiture.... Pour nous quatre, c'est une dernière fois. Dernière journée de découverte pour nous qui reprenons l'avion demain soir et dernière balade hors de Tana pour Véronique et Valérie qui elles aussi, vont très bientôt rentrer en France pour repartir sur Dakar, prochain poste d'Olivier...
Il a fallu un long moment pour traverser Tana. Tous les habitants semblent avoir envie de profiter de ces derniers jours cléments avant l'entrée dans l'hiver... Donc, embouteillages malgré l'heure matinale. Enfin, on rejoint la RN1 pour partir plein ouest. La route est en bon état et Harry peut rouler à bonne allure. Bien qu'on n'ait pas quitté les hauts plateaux, le paysage est sensiblement différent... beaucoup plus vallonné, et la terre n'est plus aussi rouge... parfois même noire. On est dans une région volcanique à la terre fertile et la vocation agricole est évidente. Riz toujours, mais aussi ananas, papayes, avocats, cannes à sucre, pastèques. Les avocats, notamment, sont absolument é-nor-mes !! ils doivent peser plus d'un kilo.
Ampefy s'est construite au bord du lac Itasy, qui est le 3ème plus grand lac de Madagascar. Lieu de villégiature apprécié des habitants de Tana mais aussi haut lieu de pêche. Une multitude d'étals de poissons envahit le bord de la route.
La matinée est bien avancée -on a mis plus de temps que prévu- aussi Harry, soucieux d'être de retour à Tana avant la nuit, nous suggère de choisir entre aller jusqu'aux geysers d'eau chaude ou aux chutes de la rivière Lily. C'est la rivière qui l'emporte et nous voilà partis pour une petite demie heure de piste. Le Terrano assure sans problème. C'est Patrick qui va se régaler puisqu'il va en devenir l'heureux propriétaire après le départ d'Olivier et Véronique !
Une petite marche puis une petite grimpette, et on découvre les chutes de la Lily, plusieurs dizaines de mètres de haut. A la saison des pluies, le spectacle et le bruit doivent être impressionnants !
Et au menu de ce midi ? Foie gras mais aux pok-pok. Un des plats vedettes de la carte de Chez Jackie, restaurant qui figure en bonne place dans tous les guides. Fondant au chocolat aussi !
Une promenade autour du lac et il est déjà temps de reprendre la route de Tana.... sur laquelle on ne va pas tarder à être pris dans un embouteillage monstre... La circulation est totalement arrêtée, dans les deux sens... La nuit est tombée et Harry devient nerveux... Une bonne heure à faire du mètre à mètre jusqu'à l'entrée de Tana où ce n'est pas pire que d'habitude...

dimanche 27 mai 2012

Diego - Tana

Bagages bouclés, petit-déjeuner avalé, on est est prêts à partir. Le vol pour Tana n'est qu'un peu avant midi, mais ici, il convient après avoir confirmé et re-confirmé sa réservation, d'être largement en avance...  On n'est jamais à l'abri de surprises...
Encore une fois, James est ponctuel. En route pour l'aéroport ! Il nous parle un peu de la vraie vie des taximen ici. Rackettés de partout... Ainsi, il va devoir s'acquitter d'un "droit d'entrée" pour accéder au parking... Pas le choix, s'il ne rentre pas, aucune chance de charger quelqu'un pour retourner sur Diego. Mais il possible de faire mieux encore... rentrer dans le hall des arrivées. Pour çà, bien sûr, il faut s'acquitter d'un autre "droit d'entrée" auprès des vigiles... Et ensuite, explique-t-il, c'est la guerre entre eux... à celui qui criera le plus fort pour attirer l'attention des passagers, il n'est pas rare qu'ils en viennent presque aux mains... Lui, il trouve que ce n'est bien pour personne... ni pour eux, ni pour les passagers qui se sentent agressés. Il a vu à la télé ou quand il est allé à La Réunion, comment çà se passe ailleurs. Il a proposé à ses collègues de voir comment ils pourraient s'organiser autrement mais a vite été "découragé"...

Le départ de l'avion est "delayed"... çà nous laisse tout loisir de regarder les allées et venues.... hommes d'affaires européens ou asiatiques, généralement seuls, quelques touristes comme nous et une majorité de "familles"... En fait, Monsieur -européen d'un certain âge- et Madame -malgache, la plupart du temps beaucoup plus jeune- avec un enfant... A Madagascar, à côté du tourisme sexuel que le gouvernement combat dans la mesure de ses moyens, il existe une autre forme de tourisme.... le tourisme nuptial. On l'avait entrevu à Mahajanga mais c'est flagrant à Diego... Pour beaucoup, l'aura du vazaha leur permet  de passer pour des gentlemen et une petite retraite ou les quelques centaines d'euros du RMI d'éblouir facilement de jeunes femmes en mal d'avenir radieux... Nous revient en mémoire un échange qu'on avait eu avec Patrice sur le canal des Pangalanes, qui nous expliquait dans son français châtié, qu'une femme malgache avait des attentes beaucoup plus faciles à satisfaire que celles d'une européenne et qu'au final elle "coûtait" beaucoup moins au vazaha tout en lui assurant une présence pour ses vieux jours... Il est difficile de ne pas être choqué, de ne pas juger mais, derrière, la réalité malgache est plus pragmatique... Chacun semble trouver son compte dans cet accomodement... L'expression consacrée pour une jeune malgache qui a trouvé un vazaha est de dire qu'elle est "sauvée"....

On finit par embarquer. Le ciel est dégagé, l'avion à hélices ne vole pas très haut et on en prend plein les yeux ! Le canal du Mozambique d'un côté avec toutes les embouchures qui charrient des boues rouges qui vont se perdre très loin après des méandres à n'en plus finir... l'océan indien de l'autre, et au milieu, un désert tantôt vert quand il y a de la végétation ou des cultures, tantôt rouge quand le sol est nu...

Une grosse heure de vol et on retrouve l'aéroport de Tana. Plongée directe dans la guerre entre taximen comme nous l'a décrite James. La prochaine étape, c'est certainement de soudoyer la sécurité pour accéder directement au bas des passerelles... Vazaha, vazaha, taxi ? 100 000 Ar. Vazaha, vazaha, je t'emmène à l'hôtel. Bon taxi ! 80 000€. Vazaha, vazaha, je prends ton sac. Quel hôtel ? 75 000. Pas de chance pour eux. Véronique nous a dit : 35 000 pas davantage. On sort du hall entourés d'une grappe de chauffeurs tous plus volubiles les uns que les autres. James a complètement raison, c'est saoûlant.... D'autant que maintenant, ceux qui attendent à l'extérieur s'y mettent aussi.... Pour les calmer, on leur donne notre prix, et çà marche ! Silence...  Le premier à réagir sans discuter est un Karane. On lui emboîte le pas jusqu'à son taxi garé sur le deuxième parking. En route, il nous explique qu'il ne veut pas rentrer dans ce jeu, qu'assaillir les touristes qui débarquent ce n'est pas bien, les arnaquer non plus. Donc, lui, il travaille comme çà. Il sait ce qu'il doit gagner chaque jour pour faire vivre sa famille et entretenir son taxi, il ne rentre jamais dans l'aéroport donc n'a rien à payer à personne et quand il voit les passagers sortir, il annonce son prix pour Tana. Mais , vous, comment vous connaissiez le vrai prix ?? Bah, on n'est pas vraiment des touristes ! D'ailleurs, on va à cette adresse. C'est sur la route des hydrocarbures juste après le lycée Alarobia. Ensuite, on vous indiquera. Du coup, ni tours ni détours, il nous emmène direct depuis Ivato. Le même itinéraire que Harry. Sauf qu'on est dimanche et que çà va beaucoup plus vite !

Une grosse demi-heure et nous voilà devant le portail. Comme Haingo il y longtemps longtemps -quinze jours au moins- il est plus qu'impressionné quand le portail s'ouvre et que les gardiens nous accueillent avec un grand sourire. Tout au bout de l'allée, on aperçoit Valérie qui se jette à notre cou à peine la portière ouverte ! On a un peu l'impression de rentrer à la maison... Véronique a préparé un grand feu -et oui, c'est le début de l'hiver et sur les hauts plateaux il fait déjà frais... Olivier est en déplacement à Nairobi... Le temps de s'installer -on retrouve avec plaisir notre grande chambre et sa salle de bain avec sa vraie douche ! de se couvrir un peu et nous voilà tous les 4 réunisautour d'un bon thé.
Pour demain, lundi de Pentecôte, Véronique propose que nous allions à Ampefy, une sortie à la journée traditionnelle pour les habitants de Tana. Et au menu de ce soir, foie gras et tarte tropézienne préparés à notre intention par Séraphine !!

samedi 26 mai 2012

Diego J4. La mer d'émeraude

Patrick, Emilie et Mathis nous ont quittés tôt ce matin pour rejoindre François à Nosy Comba. Nous voilà les seuls occupants de cette immense maison... avec le couple de gardiens et la cuisinière quand même !
Comme il l'avait annoncé, James le taximan nous a rappelés hier soir. Un bon point pour lui ! Pour nous dire qu'il nous avait trouvé un bateau pour la mer d'émeraude et qu'il passerait nous prendre à 8 heures. Un deuxième bon point !
Tout juste 8 heures quand il arrête son taxi devant la maison... Troisième bon point ! Désormais tous les gardiens de l'université nous connaissent, ce matin ils nous envoient même un "bonne journée et à ce soir" cordial... Et maintenant, direction Ramena à nouveau ! James conduit tranquillement, son taxi est parfaitement entretenu, peinture jaune rutillante, banquettes quasi neuves, pneus en bon état, suspensions vaillantes, rétroviseurs, et même support pour le portable... un rêve de 4L !
La mer d'émeraude, c'est l'autre classique de la baie de Diego. C'est un vaste lagon corallien, saupoudré d'îlots, au nord de l'entrée de la passe. On sort avec la marée, on rentre avec. Selon la saison, les conditions de mer et de vent, la traversée peu vite s'avérer assez, voire très sportive. Pas d'inquiétudes pour aujourd'hui... la mer n'est pas plus formée que les jours précédents et on embarque à bord du Roi de la Mer... Yapa à dire, çà donne confiance !
Un petit coup de moteur pour s'éloigner de la plage et le capitaine donne l'ordre d'envoyer la voile. Pas de winches, tout à la force des bras ! On file bonne allure sur la "grande passe", les vagues sont formées mais régulières. Tout d'un coup, on se prend un gros paquet de mer ! On n'a rien vu venir ! c'est qu'on est rentrés dans les eaux beaucoup plus agitées de la "petite passe" avec les vagues de face. L'équipage a l'air de bien s'amuser... donc, comme d'habitude,  pas d'inquiétude... Tant que l'équipage s'amuse, aucune raison de s'en faire et continuer de profiter ! D'ailleurs, on ne tarde pas à s'engager sur des eaux beaucoup plus calmes que les marins scrutent de près... En effet, il y a très très peu de fond et malgré le faible tirant d'eau du boutre, le risque de s'ensabler et de devoir attendre la prochaine marée n'est pas négligeable. Ce serait oublier qu'on est à bord du Roi de la Mer !
Un petit quart d'heure de navigation, une dernière pointe à virer sur tribord et le lagon se découvre enfin ! La couleur de l'eau a complètement changé. Ni bleu saphir comme hier, ni bleu turquoise comme sur les hauts fonds, là, elle est réellement vert émeraude !! On affale le temps d'amener le bateau à la plage pour débarquer sur Nosy Suarez, un des deux grands îlots du lagon.
Ensuite, un plan d'enfer... Moi, baignade, baignade... l'eau est presque trop chaude... explo, mais le soleil tape tellement fort que re-baignade... finalement, c'est là qu'il fait le plus frais ! Pierre, lui, est parti pêcher avec l'équipage. Ils reviennent avec des poissons de toutes les couleurs. Hop, au gril ! Pique-nique sous la paillote, punch coco, poissons grillés, riz au coco. Baignade, sieste. Elle est pas belle la vie ? Une dernière baignade et c'est l'heure de remonter à bord pour rentrer avec la marée certes  mais avec le vent dans le nez. Un bord de près de folie ! Accroché à sa barre, le barreur s'amuse comme un fou ! Avec une voile latine, le virement de bord se complique un peu... Il faut l'affaler pour la passer de l'autre côté... Manoeuvre parfaitement maîtrisée. Au final, on est trempés mais on s'est régalés comme jamais !! Merci le Roi de la Mer pour cette journée inoubliable !
Une THB sur la plage pour profiter du soleil couchant et on retrouve James, ponctuel et souriant, qui nous ramène à Diego dans sa jolie 4L. Oui, oui, aucun souci, il vient nous chercher demain matin pour nous emmener à l'aéroport...

Dernière soirée à Diego. Cette ville nous a conquis. Tout ce qu'on aime, la mer pour naviguer, les vagues pour s'amuser, le soleil, la chaleur, le centre ville est agréable, la population accueillante... Bref, d'ici quelques années, on s'imagine bien là plusieurs mois par an...

Dernières brochettes de poissons, dernier petit tour dans la rue Colbert avant de reprendre un tuk-tuk pour rentrer. Il fait doux, il est encore tôt malgré l'obscurité et on demande au chauffeur de nous laisser à la barrière d'entrée de l'université pour finir à pieds.
Le gardien vient vers nous... Oui, oui, il nous a reconnus, il sait qu'on va chez François, mais pas à pieds ?? Nous, si, ce n'est pas si loin et on a le temps. Et là, il a l'air carrément affolé. Non, non deux vazahas à pieds dans le noir, ce n'est pas possible du tout du tout... Il y a des Foros... Et là, on blêmit.... Les Foros, François nous en a parlé.... Des bandes de voyous qui agressent les vazahas dès la nuit tombée. Il l'a bien dit : seul le centre ville est sûr... sinon, jamais à pieds. Des amis de ses enfants ont été gravement agressés l'année dernière... Rapatriés à l'hôpital de La Réunion... Et nous, dans l'euphorie de la journée, on a complètement oublié ses mises en garde...  Personne à appeler... ni les gardiens de la villa qui n'ont pas de voiture, ni taxi qui ne viendra jamais à vide jusqu'ici à cette heure là... Un petit attroupement s'est formé autour de nous. Ils discutent en malgache et nous, on n'est pas vraiment fiers...
Finalement, ils nous proposent leur "plan". On est les hôtes du directeur adjoint de l'université, ils se sentent un peu responsables de nous... Donc, on va se couvrir pour laisser le moins possible de peau blanche apparaître, bien enfoncer les casquettes, marcher tête baissée, en silence et la femme de l'un deux va nous accompagner avec son fils. On leur donne la main et ils parleront ensemble tout le long en malgache. Quand elle éclairera sur le côté, il faudra marcher encore plus vite. Si tout va bien, en marchant bon pas, il y en a pour dix bonnes minutes... On n'en mène pas large mais pas le choix... On sort nos passeports des sacs pour les mettre à l'intérieur de nos vêtements et en route dans le noir... On n'y voit vraiment rien... pas un bruit, juste celui de leurs voix et de nos pas... A chaque fois qu'un chemin part à droite où à gauche, ils parlent plus fort et elle allume sa lampe... çà semble interminable... le foyer... le centre administratif... les labos... Enfin, sur la droite, on aperçoit la maison... Encore quelques centaines de mètres et on y est ! Au final, bluf ou danger réel ? On ne saura jamais... mais François nous avait bien mis en garde quand même. Ce qui est sûr, c'est que les gardiens sont dehors et nous attendent. Ils étaient inquiets de ne pas nous avoir vu rentrer avant la nuit... et nous pressent de rentrer, nous laissant à peine le temps de dédommager nos anges gardiens et de les remercier.
Bagages maintenant....

vendredi 25 mai 2012

Diego J3. Les 3 baies

Au programme de ce dernier jour tous ensemble, un raid de folie... Dunes désertes de sable blanc qui dévalent vers la mer, camaïeux d'eaux turquoises... dépaysement total, forêt de baobabs, de palissandre et de flamboyants, solitude et exotisme garantis ! Direction les 3 baies, au-delà de la passe sud, face à l'océan Indien, baie des Dunes, des Pigeons et Sakalave.
Depuis Ramena, on y accède par  le camp d'Orangea. Bien qu'il soit désaffecté, la barrière est baissée et il convient d'y verser au gardien toujours en poste un "droit d'entrée"... variable selon qu'on est vazaha, résident ou malgache et qui viendra arrondir, au choix, sa solde, sa retraite ou lui permettre de s'offrir une THB ce soir... Et maintenant, à nous les vastes horizons !
Première halte, les anciennes installations fortifiées du Cap Miné -poste avancé du dispositif militaire français- qui gardaient la passe à l'entrée dans la Baie. Canons rongés par le sel, miradors et casemates, un quai bâti pour affronter les tempêtes... drôle d'atmosphère. Ensuite, la piste se détériore très vite... Rapidement, une nouvelle halte s'impose. Le phare et la maison du gardien nous proposent justement un panoramique à 180° sur l'Océan Indien et la côte, d'une beauté sauvage époustouflante... La réverbération est tellement intense qu'on a du mal à garder les yeux ouverts, même derrière les lunettes... A perte de vue, trois lignes de couleurs, le blanc du sable, le vert de la forêt et le bleu saphir de l'eau... Pour une fois, personne ne parle ! De toutes façons, le vent est tellement fort qu'il y a peu de chances de se faire entendre !
La piste redescend vers la baie des Dunes, déserte évidemment, sauvage en diable avec de grosses vagues tranquilles. Allez, on met le Kangoo à l'ombre et hop ! baignade dans l'eau limpide ! Il paraît qu'en Juillet les tortues viennent y pondre... on se satisfait quand même des poissons de toutes les couleurs qui viennent nous lécher les pieds... La matinée est bien entammée maintenant, on n'a pas avancé aussi vite qu'on l'avait imaginé... et rien à manger ! Qu'à celà ne tienne... Emilie part négocier avec des pêcheurs et festin de poissons grillés au menu !! Elle est pas belle la vie ? Malgré le vent incessant, la température est difficilement supportable... On réintègre le Kangoo et sa clim. La piste s'écarte de la plage et c'est entre deux rangées d'épineux qu'on roule jusqu'à la baie Sakalave. Sauvage évidemment, immense bien entendu, sable blanc et mer de toutes les nuances de bleu again, une poignée de kiters et wind-surfers y tirent des bords de folie !! C'est LE spot du nord de l'île...
Eblouis par la lumière, étourdis par le vent et repus de couleurs et de soleil, en regagnant Diego, on a l'impression de revenir du bout du monde... Nouvel objectif : Le Ponton. Un resto-bar qu'Olivier nous a recommandé pour aller y contempler le coucher de soleil. La mer d'un côté, la montagne de l'autre... Sauf qu'il n'est dans aucun guide, que personne ne semble le connaître, même pas Monsieur Google... Finalement, après tours, détours et demi-tours le long de la lagune, on trouve. THB et achards pour tout le monde ! Malgré l'obscurité qui tombe très vite, à côté, le chantier naval voisin semble toujours en pleine activité. Tout le long de la côte ouest, la navigation est intense... boutres et goélettes assurent le transport des marchandises. Dans un pays où le carburant reste hors de prix, l'état et l'entretien des routes aléatoires, la navigation à la voile a toujours de beaux jours devant elle. Effectivement, deux bateaux sont en chantier. Pas de plans, ni de schémas, pas davantage de dessins, tout se transmet oralement... Pour la petite histoire, les Malgaches tiennent leur savoir-faire de bretons qui avaient été envoyés au 19ème siècle créer une école de charpenterie marine à la demande du souverain de l'époque, las que les pirogues soient une proie trop facile pour les boutres arabes sur le canal du Mozambique.
On va terminer la journée chez un cousin d'Emilie. Plongée dans la réalité malgache. Lui, ingénieur électronicien, elle, conseillère d'éducation dans une école primaire. Deux salaires. Ils vivent avec sa mère à elle et leur fille dans une cabane en bidon, parfaitement aménagée mais pas d'espace intime, l'eau dans la cour, l'électricité quand il y en a... Ils sont cependant propriétaires de leur terrain, cadastré de surcroît ce qui ici est capital si on ne veut pas se faire contester son droit de propriété... Mais une maison en dur ? Non, ce n'est pas envisageable... Voilà qui nous laisse rêveurs en pensant à la maison de François accrochée à la colline face à la mer...

jeudi 24 mai 2012

Diego J2. Diego

La pluie nous a rattrappés.... Les 3 baies, ce ne sera donc pas pour aujourd'hui ! Mais, il pleut vraiment très fort... Option voiture inévitable... On se décide donc pour faire un tour de reconnaissance dans Diego avant de prendre la route de Joffreville.
Hier, nous l'avons remontée inondée de soleil, mais sous la pluie, la rue Colbert, avec son enfilade de maisons coloniales aux larges varangues, dégage une tout autre atmosphère... Tout semble figé... L'averse a avalé toutes les couleurs et toutes les façades semblent avoir la même : délavée. Où sont passés les teintes pastels de bleu ou de rose, les verts criards et toutes les nuances d'ocre ??
Au bout, se dessine une imposante batisse entourée de ravenalas : c'était la Résidence du Gouverneur... Plus loin, les portiques et les arcades de l'ex-hôtel de la Marine -l'Hôtel de Diego du temps des colons. Détruit par un cyclone il y a bien longtemps, il est envahi par les arbres et recouvert de graffitis... A côté, un kiosque à musique... Autant de témoins décatis d'une époque révolue...
On continue jusqu'à la place Joffre, d'où aujourd'hui comme hier, les habitants de Diego viennent voir arriver et partir les bateaux... La perspective sur la rade est différente : moins carte postale. Au premier plan, les installations du port de commerce avec des montagnes de containers de toutes les couleurs, des grues, des cargos à quai... Au loin, le chantier naval, les installations de l'ancien port militaire français -investi par l'armée malgache- et le quartier résidentiel des officiers et des matelots. Les rues ont gardé leurs noms... rue d'Alsace, de Lorraine, de Touraine ou de Provence... Maisons et immeubles sont habités par des familles malgaches mais n'ont pas vraiment bien vieillis... La place devant l'ancien foyer des légionnaires, difficile d'imaginer l'animation qui devait y régner ! offre un nouveau point de vue sur la baie. Bouts de mémoire d'un passé de feu... Le temps semble s'être arrêté... mais la pluie ne doit rien arranger...
Changement d'ambiance... on arrive dans l'animation du quartier d'Anketa, le quartier traditionnel de Diego. Fez et djellabas se mélangent aux saris ou aux lambas que les femmes malgaches portent noués à la taille. Les marchés, les magasins, les maisons de bois et de tôle reprennent possession des rues... la vie malagache, quoi !

A Diego, les colons et les militaires avaient recréé un bout de France, il leur fallait donc un lieu de villégiature pour prendre le frais pendant les week-ends et où se retirer l'été. Ils ont donc créé Joffreville, à une trentaine de kilomètres mais 800m d'altitude... Des batisses au charme surranné, de jolies maisons coloniales parfaitement décrépies, des trottoirs défoncés, c'est Joffreville aujourd'hui. Un village un peu fantôme baignant dans une atmosphère hors du temps, pluie et végétation luxuriante en plus !

Retour sur Diego à nouveau écrasée de chaleur sous un ciel uniformément bleu. Les rues sont à nouveau le domaine des célèbres taxis-4L jaunes, emblématiques de Diego. James, le taximan, avec qui on a discuté ce midi à Joffreville où il accompagnait quelques Français, nous a expliqué que non seulement ils sont trop nombreux mais que maintenant, en centre ville, ils ont à faire face à la concurrence des rich-shaw importés de Chine et aux tarifs beaucoup moins chers.
Il nous bien plu James... ses clients étaient plus qu'élogieux sur son sérieux et sa gentillesse. On a donc fait affaire avec lui pour nous emmener samedi à Ramena -puisque Patrick et Emilie nous auront quittés pour Nosy Comba- et à l'aéroport dimanche... En prime, il s'occupe de nous trouver un bateau pour la mer d'Emeraude !

Fin d'après-midi à flâner dans la rue Colbert. Jolies boutiques, artisanat de qualité, terrasses accueillantes, animation bon enfant... Diego est en train de nous conquérir !!

mercredi 23 mai 2012

Diego J1. Ramena

A l'extrémité nord de Madagascar, avec le Canal du Mozambique à l'Ouest et l'Océan Indien à l'est, la baie de Diego est la deuxième plus grande baie du monde après celle de Rio. Rade extraordinaire, mais aussi repaire naturel et position stratégique... Pirates, commerçants, négriers, Portugais et enfin Français en ont fait successivement leur base. Durant un siècle, Diego a été la base de la Marine Française dans l'Océan Indien. Pendant la deuxième guerre, sa possession a donné lieu à de violents combats entre la Royal Navy et les Forces Françaises Libres d'un côté et les pétainistes ou les Japonais de l'autre. Sur les fonds de la baie, bien des épaves témoignent de cette histoire mouvementée et sont autant de spots de plongée.

Hier soir, on est arrivé dans l'obscurité complète. Pas la moindre idée des environs... Juste que la maison se situe en lisière de l'Université. Aussi, ce matin, dès qu'on met le pied dehors, c'est l'éblouissement... Une grande maison toute blanche, accrochée à la colline qui plonge vers la mer intensément bleue... Vue panoramique sur la baie de Diego avec le Pain de Sucre au premier plan !!!!!! Pas un bruit, à peine plus de maisons... aussi loin que porte le regard, le rouge de la terre, le vert des forêts, des rizières ou de la mangrove, le bleu de la mer et celui du ciel... C'est beau à couper le souffle ! La maison de François est bâtie sur d'anciens terrains militaires... Ici, comme ailleurs, ils ne s'installent pas aux plus vilains endroits...
Dire qu'on a 5 jours devant nous ! D'autant que, grande nouvelle, François et Pénélope, bien qu'ils partent aujourd'hui pour Nosy Comba, nous proposent de rester chez eux jusqu'à notre départ ! Un vrai cadeau ! Déjà, depuis une semaine, on a l'impression d'être passé du mode "touristes" à celui de "voyageurs"... là, on bascule carrément en "résidents" !!

Nous voilà libérés de la contrainte de trouver un hébergement. Ne reste plus qu'à s'organiser pour profiter au mieux des jours qui viennent. Passage en revue nos envies ... Diego City, les 3 baies, la mer d'Emeraude, Ramena, Joffreville, la montagne des Français, la montagne d'Ambre, le cap d'Ambre, les tsingy rouges... Il va falloir faire des choix, et s'adapter à la météo -pas excellente pour demain, la chaleur -pas encore 9h et le thermomètre frôle les 35°- et plus inattendu pour nous à un fort vent qui souffle sans discontinuer. Mais avant de repartir à l'aventure, il faut faire réparer la roue.

Direction Diego donc et un atelelier de mécanique. Au sortir de l'université, on est tout de suite frappé par l'atmosphère très particulière de la ville. Tout semble s'y dérouler au ralenti, enveloppé dans la moiteur... mora-mora... La population est encore plus cosmopolite que partout ailleurs... Malgaches, Comoriens, Karanes, Chinois, Vazahas et.... métis ! Un festival de couleurs et de traditions vestimentaires !
Aux ruelles étroites bordées d'habitations traditionnelles enfouies dans la végétation fleurie succèdent rapidement de larges avenues, envahies par les fameux taxis 4L jaunes, inondées de soleil avec de belles maisons dont les rez-de-chaussée sont occupés par des commerces. Pas le moindre problème pour dénicher un atelier de mécanique.... mais -sans surprise- il va y en avoir pour un moment !

La grande mosquée, le bazary Kelly -un marché- sont à quelques rues. On profite ! Le temps d'attrapper une bouteille d'Eau Vive, on est parti. Cyber-cafés, épiceries, coiffeurs, cordonniers, matériel informatique, tissus, fruits et légumes les magasins succèdent aux échoppes... Les enfants sortent de l'école et nous saluent du désormais habituel "eh vazahas!" Il fait vraiment très chaud et pas moyen de marcher à l'ombre... pas d'ombre, tellement le soleil est haut ! Il va falloir s'adapter... Même mora-mora l'heure tourne et il n'est pas loin de midi. La roue n'est pas prête et on décide de s'installer dans la fraîcheur de la terrasse du Mora-Mora juste à côté. "Bien et pas cher" dit le PtF. Bien mieux que çà ! Les brochettes de poisson sont un vrai régal, les sambos plus que savoureux !! et le budget effectivement, vraiment très, très raisonnable...
Les choses s'enchaînent bien ! A peine le café terminé, le petit mécano vient nous dire que la roue est prête.

Pas mécontents de profiter de la clim du Kangoo, on prend tranquillement la direction de Ramena -Ramèn-, un village de pêcheurs à une petite vingtaine de kilomètres. La route est en bon état et suit la côte... Mer limpide, mangrove, le dépaysement est total ! Et côté couleurs et contrastes, on en prend plein les yeux !
Ramena : quelques maisons, un bout de jetée, une longue plage de sable blanc, évidemment quasi déserte, une mer bleu saphir, des vaguelettes, des barques de pêche qui se balancent mollement... un véritable cliché pour les affiches des voyagistes !!

Baignade, farniente à l'ombre, on profite tranquillement... En prime, "scènes de la vie traditionnelle" avec le retour des pêcheurs en fin d'après-midi. Et là, une rencontre improbable : Jacqueline.
Une plantureuse femme malgache nous aborde avec les inévitables questions : vacances, résidents, touristes, d'où ? En général, on répond Marseille, çà évite les explications complémentaires... Mais cette fois, elle veut en savoir plus... d'où? Nous : en fait, on vient d'Aix. Et là, elle nous raconte qu'elle ne vit ici que 4 mois par an, le reste de l'année à Marseille, qu'elle est marchand de biens, construit des villas pour les vazahas ou les riches malgaches, s'occupe de tout avec sa soeur, le terrain, les papiers, les artisans mais fait tout venir de France par containers parce que sur place il n'y a que des produits chinois de mauvaise qualité et qu'elle s'approvisionne chez une des grandes enseignes du bricolage à Marseille ! Si on veut la joindre, il n'y a qu'à la demander, "Jacqueline, la Malgache", ils savent la joindre... Bon, elle nous laisse, il faut qu'elle aide à remonter le filet...

Et pour dîner, une terrasse "première classe", celle du Melville avec vue panoramique sur la baie !

mardi 22 mai 2012

Antsohihy-Diego

Il était dit que nous n'irions pas à Analalava.... Après la piste, c'est la météo qui nous a joué un mauvais tour... Nous pensions que la pluie d'hier soir n'était que momentanée... Genre "pluie du soir, espoir"... Point du tout... Il a plu à verse toute la nuit et ce matin horizon bouché et nuages noirs nous font la nique quand on ouvre la porte du bungalow. Au travers du rideau d'eau, on aperçoit vaguement la terrasse où nous attend le petit déjeuner. Pas besoin de discuter, on reprend la route. Aucune envie de s'enfermer à l'intérieur du bateau avec les vapeurs de diesel...

Allez, direction Diego ! çà fait quand même bizarre de rouler sous une pluie battante... La RN6 continue de dérouler les scènes de la vie ordinaire... enfants qui vont à l'école bien à l'abri dans leurs imperméables aux couleurs vives, femmes qui vont au marché sous leurs grands parapluies, paysans dans leurs champs de cultures maraîchères, troupeaux de zébus... Sur la route, très peu de voitures particulières. C'est le domaine des camions et des taxi-brousse. Aussi, à chaque fois qu'on s'arrête, on fait toujours autant sensation... Les gens viennent nous voir, nous demander dans un français approximatif si on est en vacances ou si on est de Tana, si on va rester longtemps et surtout surtout si on est bien à Madagascar... Les plus âgés s'expriment plus facilement et n'hésitent pas à livrer le fond de leur pensée... que c'est beaucoup le bazar maintenant, que personne ne tire profit de la situation de transition sauf ceux qui sont au pouvoir, qui eux ont intérêt à ce qu'elle dure, que tout ce qu'ont laissé les Français se dégrade faute d'entretien, que la population en a assez de tout çà, qu'il y a eu des manifestations à Tana mais que çà ne changera rien... qu'il n'y a pas de travail et que quand il y en a, il n'est pas rémunéré à sa valeur, que les plus grands profiteurs de la misère de l'immense majorité de la population sont les Malgaches des "grandes familles" . Mais paradoxalement, on sent davantage de tristesse que de révolte dans leurs voix...

Ce pays est bien étrange... un climat extraordinaire, des paysages fabuleux, des richesses immenses, un potentiel agricole exceptionnel, une main-d'oeuvre importante et un des plus bas niveau de vie du monde... à 1heure de Maurice ou de la Réunion... Tout celà donne lieu à des discussions animées dans la voiture. Donc, malgré le mauvais temps qui nous force à réduire l'allure, on ne voit pas la matinée passer et on fait notre entrée dans Ambanja -Ambanj'- pour déjeuner.

L'approche de la ville est impressionnante ! Au bord de la route, les teks ont remplacé les manguiers, quand ce ne sont pas des plantations de cacao -Ambanja est le fief des chocolats Robert, d'ailleurs je vous recommande "aux gombavas et beurre salé"- de poivre, de vanille et le haut lieu de la production d'ylang-ylang. Tout celà donne une atmosphère au parfum capiteux et indéfinissable, exacerbé par l'humidité.

Un petit crochet jusqu'à Ankify -Ankif'- d'où partent les bateaux pour Nosy Be. Etonnant... c'est l'embarcadère pour une île qui fait rêver dans le monde entier et aucune infrastructure touristique... un village de pêcheurs comme un autre avec ses cabanes sur pilotis et son marché couvert... ananas et avocats -énormes, de petis ballons de rugby ! à profusion. Rien qui ressemble à une gare maritime... pas d'horaires de traversée, même pas de rabatteurs pour un bateau ou un autre ! De toutes façons, on juste venu pour l'ambiance...

Direction Diego, deuxième partie ! La route est toujours en bon état et on roule régulièrement... au milieu des cyclistes qui, des poissons accrochés en bouquets de chaque côté de leur guidon, pédalent comme des forcenés pour être dans les premiers au marché... Et voilà Ambilobe, carrefour entre la route du nord vers Diego et celle de l'est vers Vohémar et la côte de la Vanille. On en profite pour appeler François, ancien collègue franco-malgache de Patrick à Bordeaux, reparti s'installer à Diego et qui nous offre l'hospitalité ce soir. Il nous attend et conclut par "soyez prudents".

On va vite comprendre pourquoi.... Au bout de quelques kilomètres, l'état de la route se détériore et la chaussée bitumée devient quasi inexistante. Les trous succèdent aux trous et entre les trous, des ornières... On va mettre 4 heures pour faire les derniers 130 kilomètres... Personne devant, personne derrière.... quasiment personne en face non plus d'ailleurs... Le Kangoo passe difficilement... La sono à fond, on chante pour se donner du courage. Trahis par Johnny ! Un trou que Patrick voit trop tard et pneu avant droit crevé.... On trouve un endroit à peu près plat pour changer la roue... L'obscurité est totale... juste nos lampes torches... Démonter la roue, sortir l'autre... entre temps le cric bouge et plie... Pas pris au dépouvu, les zoms glissent des pierres pour le soulager mais pas suffisamment pour présenter la roue de secours... moment de flottement. Et là, on devine plus qu'on ne voit arriver quelqu'un. Sans un mot, il nous fait signe de soulever l'avant de la voiture, remet une pierre et le tour est joué ! Roue, boulons... on se relève... il a disparu ! On n'a même pas pu le remercier...


Trous, trous, ornières, c'est reparti.... De notre arrivée sur Diego, on ne voit rien... Délestage.... Il fait nuit noire... La route de l'université, la barrière, et enfin au bout, François et Pénélope !

lundi 21 mai 2012

Antsohihy-Analalava-Antsohihy

Côté sensations et émotions, la journée a été riche !!!

Analalava -Analalav'- "50 kms, 4h en taxi-brousse, 2h1/2 en 4x4 par une piste réhabilitée", il y a écrit dans le Petit Fûté... Nous, en 4x4, en plus de 2heures, on en a fait 20.... sur une piste complètement dé-fon-cée.... voire inexistante... Trop chargé, trop bas, le Kangoo n'est pas passé...

Pourtant, partis de bonne heure, on était prêt à affronter quelques heures d'inconfort. Un petit quart d'heure de route avant la bifurcation vers la piste. Fléchée, même ! Les "61 kms" nous font bien tiquer un peu, mais bon... on n'est pas à 10 près ! Un peu d'inquiétude quand même quant à l'état de la piste mais les premiers kilomètres sont plutôt rassurants. On croise même des équipes d'entretien, un peu étonnées de notre passage malgré tout. 10 kms en une demie heure, on est plutôt content et on se voit déjà sur la plage avec un rhum arrangé ! Ensuite, çà se dégrade très vite... ornières, passages ravinés, effondrés, il faut passer dans la végétation d'épineux, trous gigantesques, mais le sol reste dur et le Kangoo, même s'il a du mal, s'en sort toujours ... Nouveau point : une demie heure, trois kilomètres. On est nettement moins euphoriques... Une halte pour se rafraîchir et, on y va, on y croit, c'est reparti ! sauf que c'est pire... On commence à douter sérieusement... D'autant que le sable a pris le dessus et que le Kangoo s'est ensablé plusieurs fois. La dernière fois, il a non seulement fallu qu'on descende mais aussi le décharger complètement pour qu'il reparte... Presque 2 heures qu'on a quitté la route et seulement 20 kms au compteur... Le point est vite fait... Un, on n'a pas la moindre certitude quant à la distance exacte qu'il nous reste à franchir... 30, 41 ou 50 ? parce que -complètement insolite- on a vu il y a un moment une borne kilométrique fraîchement repeinte avec en jolies lettres noires "Analalava : 55 kms".... Deux, le téléphone ne passe plus. Trois enfin, on a déjà croisé le taxi-brousse -gros camion 4x4 très très haut- qui remontait d'Analalava et le trajet retour, c'est demain. Quatre, on n'a pas la moindre idée de l'état de la piste sur les kilomètres qui restent. Dans ces conditions, continuer ne nous semble quand même pas franchement raisonnable... Demi tour donc...

... et retour Chez Mamy ! Coup de chance, leurs bungalows sont toujours disponibles. Et leur poisson -un capitaine- vaut leurs camarons !

Une fois restaurés, on discute de la suite... On n'a pas pu y aller par la piste ? Qu'à celà ne tienne, on va y aller par la rivière... Un bateau fait la navette tous les jours. Au moins, on pourra profiter tranquillement du paysage ! Reste à en savoir un peu plus... pour çà, on ira voir au port en fin d'après midi.

Entre temps, la pluie s'est invitée... genre orage tropical. Au "port" -une table en guise de guichet, un bout de quai- difficile d'avoir des infos précises.... Faut attendre l'arrivée du bateau pour demander au capitaine... Vers quelle heure ? Bah, dans un moment... Donc, on prend notre mal en patience et on regarde la pluie tomber, les ados plonger dans la rivière et nager jusqu'à l'autre rive. Effectivement, au bout d'un moment, le bateau, on l'entend avant de le voir... Un bon bruit de diesel bien poussif... On découvre une sorte de péniche, entièrement fermée avec le moteur au milieu. Bonjour la ventilation ! Il est quand même possible de s'installer en haut sur le toit. Une foule de gens en sort... Jamais on n'aurait cru qu'il y ait autant de monde... même des animaux... Donc, le capitaine nous dit partir vers 8 heures mais que c'est mieux de venir pour 7h15, que çà coûte 15000 Ariarys par passager et que pas la peine de réserver. A demain alors !

dimanche 20 mai 2012

Mahajanga-Antsohihy

En voiture tout le monde ! Les zoms devant en pilote et copilote ou l'inverse, Emilie et moi derrière, Mathis dans son siège auto et cap au nord ! Nosy Comba ? Diego ? Rien d'arrêté... Ce qui est sûr, c'est que, rien qu'à ce soir, il y a de la route à faire...

La route, justement, est en bon état et le Kangoo roule vaillamment, autour de 70. Le paysage de bord de mer cède la place aux rizières puis à un sol aride... Les kilomètres défilent, les villages se succèdent... Marovoay, Ambondromamy où on a un certain succès quand on s'arrête déjeuner. Trois vazahas, une malgache et un bébé qui descendent ensemble d'une voiture particulière pour s'attabler dans un hotely, çà ne doit pas arriver tous les jours... et c'est tout le village qui défile ! En effet peu de touristes s'aventurent vers le nord par la route, la plupart préfère l'avion qui relie directement Tana à Nosy Be... Mampikony, Boriziny, Port Bergé. De gros bourgs tranquilles, écrasés par le soleil... Un dimanche ordinaire... parties de foot, de boules -les Malgaches sont champions du monde de pétanque- de billard ou de baby installés à l'ombre des manguiers, baignade dans les rivières. On a décidé de rouler jusqu'à Antohihy -Antsoui- mais la nuit tombe rapidement. Il reste une centaine de kilomètres -plus d'une heure et demie- à faire dans l'obscurité complète... Rouler de nuit n'est pas dans les conditions de circulation les plus sûres à Madagascar... Il y a bien sûr et surtout tout ce qui peut surgir devant nous dans les phares, piétons, vélo, charrettes à zébus mais aussi quand même les risques liés à l'insécurité... Le silence s'installe dans la voiture. Plus de musique, on est tous très vigilant. Mais c'est sans encombre qu'on rallie Antsohihy. Premier hôtel complet, deuxième hôtel complet... La journée commence à être longue... Enfin, Chez Mamy nous propose ses deux bungalows tout neufs. Douche, moustiquaire... l'essentiel pour passer une bonne nuit !

Dîner -excellent, les camarons sont absolument re-mar-qua-bles ! sous la tonnelle et discussion pour décider de la suite... Plusieurs possibilités s'offrent à nous, toutes aussi tentantes les unes que les autres : continuer jusqu'à Diego, rallier Nosy Comba ou, plus aventureux, Analalava par la piste.

La troisième option est bien tentante. En résumé, une baie au bout du monde, une plage de sable blanc, un village de pêcheurs qui connut son heure de gloire comme station balnéaire du temps des colons et un hôtel les pieds dans l'eau dans une ancienne maison coloniale. Le tout accessible après plusieurs heures de piste ou de navigation sur la rivière Loza. Joint au téléphone, Bruno, le patron de l'hôtel nous propose son bungalow familial sur la plage mais nous met en garde... la piste n'est pas en bon état... les pluies ont fait de gros dégâts et plus de la moitié en sable mou... Et surtout, prévoir de partir de bonne heure... la température monte beaucoup et très vite. Allez, c'est décidé, on essaie ! Réveil à 4h.

samedi 19 mai 2012

Mahajanga J3

Lever trèèès matinal pour Pierre et Patrick avec un programme un peu spécial.... un tour à l'abattoir...
Les zébus sont parmi les animaux "totem" de Madagascar... On les voit partout. Dans les rizières ou dans les champs, sur la route en troupeaux les jours de marché, et quotidiennement attelés à des charettes - beaucoup plus fréquemment disent-ils qu'il y a 30 ans.... Leur viande est associée au traditionnel roumazaf, le gras de la bosse étant un morceau de choix, et le filet est particulièrement apprécié des vazahas. Mais il est vrai que les conditions de commercialisation -à l'air libre et température ambiante- ne répondent pas vraiment aux normes européennes... Ils ont donc décidé d'aller voir comment çà se passait en amont...
Les bêtes sont parquées à l'extérieur. Un vétérinaire contrôle le marquage et les papiers - vols et trafic sont courants- avant de les laisser rentrer dans l'abattoir proprement dit. Pas de murs clos, juste un vaste espace couvert. Pas d'étourdissement préalable non plus... Un sol carrelé, des tuyaux d'eau. Aussitôt égorgées, aussitôt découpées en quartiers et chargées sur des pousse-pousse direction le marché... Pas de stockage donc en chambre froide avec l'attendrissement qui s'en suit, comme on le pratique en Europe, mais une commercialisation directe. Nos repères d'hygiène et de préparation de la viande sont quand même un peu bousculés... Mais j'en témoigne, la viande est réellement excellente !!!
On va se jouer le reste de la journée en mode "résidents"... Fin de matinée en terrasse devant la mer, plage à la fraîche, coucher de soleil et brochette de poisson sur la corniche !

vendredi 18 mai 2012

Mahajanga. J2

L'essentiel de la matinée va être consacrée à la préparation de la voiture pour notre expédition vers le nord. Patrick veut avoir une deuxième roue de secours. Celle qui lui avait été promise ne va évidemment pas sur la voiture et impossible d'en trouver sur place d'ici demain soir... il faut la faire venir de Tana. Haingo va s'en charger et nous l'envoyer par taxi-brousse mais il faut lui transférer l'argent. Et là, plongée dans la réalité des Malgaches. Très peu d'entre eux ont un compte bancaire dont les frais sont très élevés. La majorité des transactions se fait en liquide et le reste passe par... les opérateurs téléphoniques ! Ici, pas de forfaits. Chacun a une puce-voire plusieurs sur différents opérateurs- qu'il crédite au fur et à mesure de ses besoins. Il est même possible de transférer les unités entre portables... Un porte-monnaie électronique est lié à chaque puce. Donc, on crédite celui d'Haingo depuis le portable de Pierre -ils ont tous les deux une puce Telma, çà simplifie- qui va aussitôt recevoir un SMS et pourra retirer l'argent dans n'importe quel point Telma. Moyennant une commission quand même... Drôlement pratique et rapide quand même la banque low coast !... Mais pas croire que les banques ont abandonné le marché aux opérateurs... Elles sont derrière.

A midi, au menu, filet de zébu grillé. Direction donc le marché. Mais on commence par s'installer à l'ombre d'une terrasse. On est aussitôt assailli par toutes les marchandes ambulantes qui viennent nous proposer des mandarines, des avocats, des bananes... et les soubiques pour les emporter ! Les courses en direct sans bouger de sa chaise ! Mieux que sur Internet... De la vanille aussi que Patrick nous apprend à bien choisir. Pour la cuisine, les gousses doivent être longues, plus de 20 cms, larges, au moins 5mm, idéalement plus, noires, grasses et souples. Tout le reste n'est bon qu'à faire du sucre vanillé.. Et bien entendu, quel que soit l'usage, non fendues et dépourvues de moisissures. Elles sont généralement présentées en bottes d'environ 250g. Et là, se méfier et bien regarder... que toutes les gousses soient identiques. Pas des belles à l'extérieur et des toutes rabougries à l'intérieur... Patrick a repéré celles d'une des vendeuses. Elle et nous savons qu'elle a de la belle marchandise, elle n'est pas prête à la brader mais vendre d'un coup son stock de la matinée -2kgs, un pour Patrick, un pour nous- çà ne se dédaigne pas comme çà... et nous on a le temps... si ce n'est pas maintenant, ce sera plus tard... Finalement, après de longues négociations, on fait affaire pour 40 000 Ar (15€) le kilo -çà laisse rêveur sur les marges... 60% du prix annoncé... "raisonnable" selon Patrick.

Le filet de zébu maintenant ! Les étals sont propres mais évidemment, pas réfrigérés et à peine protégés des mouches... La viande est grossièrement coupée, les filets -entiers- d'un côté, les autres morceaux de l'autre. On choisit le nôtre : pas trop gros, pas trop gras. Retour maison maintenant et hop, découpé et au grill ! C'est vrai que c'est très bon ! tendre, fondant, goûteux sans être fort ! Un vrai régal à la hauteur de ce que j'ai entendu depuis des années...

Cet après-midi, "piste" répétition générale avant le grand départ ! Pour la voiture -Kangoo 4x4, voir comment, chargée, elle passe le sable, enchaîne les ornières... pour Patrick et Pierre, reprendre la main et... pour moi, séance "découverte". Direction , la plage d'Antsanitia -Antsanit'- à une vingtaine de kilomètres au nord. Plus d'une heure.... Les deux zoms s'amusent comme des fous et à l'arrivée sont contents d'eux et de la voiture ! Moi, pas mécontente quand même que çà s'arrête ! Mais, la plage qu'on découvre du haut de la dune me fait instantanément tout oublier ! Une vraie carte postale... Une baie immense. Sable blanc, bancs de sable, et mangrove d'un côté, mer turquoise de l'autre !! Et surtout : per-sonne !!!!!!!!!!! On va jouer à passer à travers les vagues un bon moment mais le soleil tape dur... Retour vers Mahajanga où on va asssiter à un coucher de soleil de première classe depuis la corniche.

Ce soir, c'est l'anniversaire d'Emilie ! Patrick a réservé une table à La Petite Cour, le meilleur restaurant de la ville. Déco impeccable et raffinée, service discret et efficace, cuisine de qualité. Les plats sont joliment présentés, les saveurs subtiles. On se régale !!!

jeudi 17 mai 2012

Mahajanga

Hier soir, on a fait la connaissance d'Emilie et de Mathis puis direct au lit ! Une bonne nuit réparatrice et ce matin on est d'attaque pour partir à la découverte de la ville drivés par Patrick.

Pour commencer, un petit tour par la digue Schneider doublée de son pipe-line qui s'avance loin dans la mer. Pas de port en eaux profondes ici - la baie est trop engorgée par les alluvions charriés par la Betsiboka- et les marchandises sont déchargées au large. Du bout de la jetée, on découvre Mahajanga tout en longueur au loin.

Mahajanga est ancien port de pêche puis les échanges d'esclaves, d'armes, d'étoffes, de pierres précieuses et d'épices, chargés et déchargés de ces fameux boutres ouverts -typiques du canal du Mozambique- ont favorisé son développement. Point central de toute cette activité, le port aux boutres... Tous les fans de bateaux nous en ont parlé avec enthousiasme et on est impatient de le découvrir.

Sur le quai, barré par l'enchevêtrement des mâts, se mélangent les odeurs et les couleurs des fruits, des légumes, du poisson ou des crevettes. Les transbordements se font à dos d'homme et c'est un va-et-vient incessant entre les cales des navires et les dépôts. Les boutres peints de rouge et de bleu, de vert et de jaune délavés laissent entrevoir des poulies en bois, des bouts en fibres naturelles et des voiles en coton rapiécées et usées jusqu'à la trame par le soleil, le vent et la mer... A vrai dire, ils semblent sortir tout droit d'une autre époque... c'est pourtant à leur bord que s'effectue le cabotage le long de la côte ouest, le trafic vers les Comores ou la côte orientale de l'Afrique... Zanzibar est à quelques bords... A bord ou sur le quai, chacun vaque tranquillement à ses occupations... il faut dire que la chaleur se fait déjà bien sentir bien qu'il ne soit pas encore 10 heures... Mahajanga est une des villes les plus chaudes de Madagascar... Une ambiance de bout du monde dans laquelle s'entrecroise toute une population qui semble avoir assimilé tous ceux qui un jour se sont arrêtés ici.... Sakalavas et Merinas bien sûr mais aussi Comoriens, Arabes, Indiens et Pakistanais -les karanes-, Africains... Décidément, le soleil tape vraiment dur -pas loin des 40°- et on s'installe sous les parasols d'une gargotte -pompeusement baptisée Waterfront Bar-pour prendre un café et d'où on continue à regarder l'animation tranquille du port, rythmée par le bruit des moteurs, celui des pousse-pousse et des scooters, les cris des dockers, des matelots et des mouettes. On y resterait bien jusqu'à l'heure de la bière, mais Emilie nous a chargés de courses pour le déjeuner... direction donc, BazarBe ou le grand marché.

L'occasion d'un premier aperçu du centre ville. Grandes batisses, vestiges des comptoirs arabes, dont le rez-de-chaussée est converti en boutiques karan' , le plus souvent pièces automobiles en tous genres ou quincaillerie, grandes maisons coloniales à varangue, à balustres, à colonnes, batiments administratifs... Toutes les variétés d'ocre s'entremêlent mais la plupart des façades sont en piteux état... couleurs délavées, murs décrépis... L'entretien ne semble pas être la préoccupation principale des propriétaires... Les rues sont quasi désertes... Drôle d'ambiance... Patrick dit qu'en fait les Malgaches vivent plus loin, dans la ville nouvelle, autour de la cathédrale et de la poste.

Au marché, récemment refait -allées larges, étals carrelés, éclairage- des fruits et légumes bien sûr, de la viande de zébu bien entendu, mais surtout des montagnes d'énoooormes crevettes ! Un peu d'artisanat aussi dont les vendeurs ont vite fait de nous repérer...

En fin d'après midi, une fois la chaleur un peu retombée, une petite virée vers le cirque rouge. Toutes les nuances d'ocre, de rouge ou de rose à perte de vue qui s'enflamment dans le soleil couchant. Puis vite avant la tombée de la nuit, un tour jusqu'aux plages. Sable blanc, mer bleu turquoise... Ici, effet "canal du Mozambique", pas d'énormes rouleaux. Juste des petites vagues pour faire un plouf tranquille.

mercredi 16 mai 2012

Tana Mahajanga en taxi brousse

Deux vazahas qui débarquent d'une voiture à plaques vertes avec le chauffeur qui porte leurs bagages jusqu'au taxi-brousse, çà ne doit pas arriver tous les jours, parce qu'on n'est pas vraiment passé inaperçu en débarquant de la C5 d'Olivier ! Donc, fin de la vie de château et bonjour la réalité malgache !

Le départ était prévu à 7h45, mais chargement, déchargement, rechargement puis arrimage des bagages, tout çà répété plusieurs fois, réparation d'un pneu arrière "fatigué", on a largement eu le temps de profiter de l'animation de la gare routière. Pas loin de 9h quand on démarre... Donc, plongée directe dans les embouteillages ! Une heure pour sortir de Tana, halte pour faire le plein comprise... Le paysage est très différent de ce qu'on a vu au sud, beaucoup plus désertique, la route est en bon état mais beaucoup plus étroite que la RN7 et surtout beaucoup moins fréquentée. On ne croise que des camions et des taxi-brousse. Le confort du nôtre étant très relatif, les suspensions sont un peu "fatiguées" elles aussi, on réalise vite que les places derrière le chauffeur sont peut être les plus sûres mais que pour les jambes, ce n'est pas vraiment çà... Dans chaque village, un barrage de gendarmerie. C'était déjà le cas sur la RN7 mais les voitures particulières ne sont que rarement contrôlées... les taxi-brousse, eux, systématiquement...

Il nous a fallu deux ou trois arrêts pour nous rendre compte que c'est l'occasion d'une petite manip qui n'est pas sans rappeler les pratiques du policier du train ou scènes ordinaires de l'abus systématique de position dominante. Au départ, le chauffeur avait étalé sur le tableau de bord, un bonne dizaine de journaux du jour. Premier arrêt, il tend les papiers du bus au gendarme qui contrôle le nombre de passagers par banquette, plus vaguement la hauteur du chargement et les lui rend sans les avoir ouverts. En échange, ce dernier lui tend un journal. Sympa d'apporter les nouvelles du jour ! Deuxième arrêt, le gendarme commence par réclamer le journal... pas cool quand même ! A chaque contrôle, le même manège, dans une ambiance plus ou moins cordiale... En fait, les taxi-brousse sont rackettés. Dans chaque journal le "prix" du passage...

Evidemment, on est les seuls vazahas du bus. Pas bavards nos compagnons de voyage. on pourrait entendre une mouche voler, en profiter pour écouter nos i-pod mais pas de chance, la sono est à fond !! Que des classiques français.... Johnny, Patricia Kass, France Gall et Michel Berger, Brel au mieux... En boucle. Pendant les 13 heures du voyage... Parce que demander de baisser, peine perdue.... On gagne quelques minutes, mais à chaque fois, çà repart de plus belle... et de toutes façons, on est les seuls que çà a l'air de déranger... Au fond, peut être que çà l'aide à rester réveillé, le chauffeur ? C'est vrai que la route est monotone... En fait, il ne la regarde pas beaucoup... Un oeil sur FaceBook, l'autre dans le rétro pour surveiller le pneu arrière...

2 arrêts en tout et pour tout. Un au PK 138 pour déjeuner. Poulet sauce ou poulet sauce ? 6000 Ar avec le thé. Pas de THB ici. Juste du rhum dans l'EPI bar voisin ! et un à la nuit tombée. On pensait être presqu'arrivé... et non, Patrick joint au téléphone nous dit qu'on est seulement à l'intersection des routes vers Diego et Mahajanga et qu'il nous reste encore trois bonnes heures... dans le noir... Dans le bus, mais aussi dehors. Pas d'éclairage public dans les villages traversés... Evidemment, ces dernières heures sont un peu longues...

Pas loin de 22 h quand on fait notre entrée dans la gare routière de Mahajanga. On est quand même bien sonné... Cette gare ferait presque passer le bus pour un havre de douce quiétude... Noir complet, bruit pétaradant des cyclos, des tas de porteurs, de taximen, de pousse-pousse qui s'obstinent à nous proposer leurs services bien qu'on leur ait dit qu'on n'avait besoin de rien... Qu'est ce qu'on est content de voir arriver Patrick et son Kangoo !


Bilan de la journée. 650 kms en 13 heures et quelques... On est complètement vermoulu mais on a notre certificat de taxi-brousse ! Deuxième degré au moins... Recommencer ? .... euh... peut être pas demain mais quand même pas si terrible que çà...

mardi 15 mai 2012

Ambohimanga et Le Village

Prononcer Ambouillmang'... Un des rares sites historiques de Madagascar et classé au patrimoine de l'Humanité par l'Unesco. A une vingtaine de kilomètres au nord de Tana. Le plus long, va être de sortir des embouteillages... Encore une fois, les raccourcis de Harry font merveille !






L'intérêt du lieu est double... Vue panoramique sur Tana entourée de ses 12 collines sacrées -une pour chaque tribu du royaune imerina et le rova proprement dit qui renferme le palais du roi et la maison de campagne des reines...

C'est vrai que la vue est magnifique et que le regard porte très loin ! En fait, on n'aura pas été trop gêné par la pollution... Quant au rova, bien sûr, ici non plus, il ne correspond pas vraiment à l'idée qu'on se fait d'un palais. Le lieu en est néanmoins impressionnant avec son enceinte à la porte monumentale que peut venir refermer, si besoin, un immense disque de pierre. A l'intérieur, le palais du roi est en fait une grande case en palissandre. Il est conseillé d'y entrer par le pied droit pour ne pas se mettre les ancêtres à dos ! Dans le coin nord-est, le plus sacré, un lit suspendu et une corniche sur laquelle se dissimulait le roi pendant que l'une de ses femmes "auditionnait" les visiteurs. Ce subterfuge lui permettait de juger si cela valait le coup de les recevoir et de préparer au mieux l'entrevue... Plus loin, la maison de campagne des reines, est une jolie demeure en bois avec des balustrades ouvragées protégées par de larges varangues. Le mobilier date du 19ème siècle avec une glace de Venise offerte par la reine Victoria ! L'armée française s'y installa au début de la colonisation et plus tard Galliéni en fit sa résidence d'été. Vue le calme et la fraîcheur du lieu, on le comprend !


Au retour, passage par la résidence des Charmilles où Pierre a logé pendant 2 ans. L'accès est sécurisé mais avec une plaque verte, tout juste si le gardien ne se met pas au garde à vous... Sa maison, celle de Guy un peu plus loin. Bon, pas de plaques... mais c'est vrai que c'est toujours émouvant de remettre ses pieds dans de vieilles traces...
Pour l'après-midi, une visite incontournable pour tout amoureux des bateaux qui se respecte... celle du Village. Un atelier de fabrication de maquettes de bateaux, présent sur tous les salons nautiques de la planète. On peut voir les artisans au travail dans les différents ateliers -impressionnants de minutie et de délicatesse- avant d'accéder au show-room. Et là, festival !! de vieux gréements historiques, des grands voiliers, des bateaux traditionnels de toutes les latitudes et bateaux mythiques entre tous, des Pen Duick ! C'est le seul atelier au monde habilité par la famille Tabarly à les reproduire. Et évidemment, soigneusement emballés pour le transport... Le 2? Quelle échelle ? Quelle version ? peinte ou en palissandre ? On va réfléchir... en attendant, un boutre de Nosy Be pour patienter. Et une pirogue traditionnelle pour lui tenir compagnie !

lundi 14 mai 2012

Tana

Priorité du jour, réserver nos places en taxi-brousse pour mercredi vers Mahajanga... Heureusement qu'on avait Harry pour faire çà en voiture, sinon on y aurait passé la journée.... Embouteillages monstres, Petit Fûté et GDR qui envoient sur de fausses adresses -pas la peine de se demander s'ils vérifient autant qu'ils le disent, on a la réponse... mais on est toujours tenté de faire confiance, transporteurs qui ne proposent pas le trajet le mercredi... et on a fini à la gare routière du nord et de l'est. Ensuite, choix du transporteur, des places, on a laissé Harry faire ! Kofmad parce qu'il est -à peu près- ponctuel... au départ! et les deux places derrière le chauffeur. Pas les plus confortables mais les plus sûres... Tana-Mahajanga, soient 650kms, 50000 Ariary pour deux. Même pas 20€... A ce niveau tarifaire, avec 12 places, il doit falloir choisir entre remplir le réservoir -2800 Ariary le litre de gas oil..., entretenir les véhicules et payer décemment les chauffeurs...




Nos billets en poche, toujours avec Harry, direction le service des permis de conduire. Comme Haingo, Harry et son collègue ont été formels. Pierre doit pouvoir faire faire un duplicata de son permis "grosse moto", obtenu il y a 30 ans... et volé à son retour en France, donc jamais validé. Olivier a bien rigolé un peu, mais bon... c'est l'occasion ou jamais d'essayer ! Arriver dans un 4x4 à la plaque verte, çà aide... on ne fait pas la queue. Harry discute en malgache avec le fonctionnaire dans la cour qui nous oriente vers un bureau où, même scénario et re-discussion en malgache mais, là, le fonctionnaire rigole carrément ! On se croît où ? Dans une préfecture française ? Ici, pas d'archivage indexé. Donc, si on a une carte de résident, les pièces justificatives qui vont bien et 6 mois devant nous, çà pourrait être possible... Avec une enveloppe, peut être un peu plus rapidement... Bon, au moins on a essayé !




La suite, c'est balade à pied dans Tana. Harry nous a laissés en haut de l'avenue de l'Indépendance.



Au travers de toutes ces allées et venues en voiture, qui n'ont été que montées et descentes, je me suis bien rendue compte que la ville est tout en reliefs avec des quartiers bien différenciés. Ville haute, avec de belles maisons avec colonnades, lambris et varangues héritées de l'époque coloniale, le Palais de Reine et des rues tortueuses, ville intermédiaire, aux avenues plus larges avec les grands hotels, les ambassades et le palais présidentiel et ville basse avec tout le reste ! Et pour les relier, des escaliers qui partent de l'avenue de l'Indépendance tout en bas.




On démarre par le marché Anakalely qui a remplacé le mythique et trop peu sûr zoma. Côté sécurité justement, on a été briefé par Véronique. Donc, rien d'apparent ni rien qui puisse susciter la convoitise. Sur les conseils d'Olivier, j'ai retiré ma chaîne et mes boucles d'oreilles... Comme d'habitude les doubles de ses papiers et de l'argent pour la journée dans une pochette à la ceinture à l'intérieur de ses vêtements pour Pierre, la même chose pour moi dans un petit sac en bandoulière porté sous ma veste et de petites coupures dans nos poches. Et consciencieusement Harry nous a passés en revue avant qu'on quitte la voiture... On va rester sur nos gardes, mais on ne se sentira jamais agressé autrement que par les vendeurs de rues qui ne renoncent jamais rapidement...




Hormis la disparition du zoma, Pierre trouve que pas grand chose n'a changé... mêmes cafés, mêmes boutiques, même animation, même circulation anarchique, le centre culturel Albert Camus où le passage d'un autre Olivier avait quelque peu bousculé les habitudes est toujours là, les taxis aussi... On flâne tranquillement au milieu des employés qui commencent à sortir pour déjeûner d'achards vendus en bouteilles de plastique et de sambos frits dans une huile malgré tout un peu douteuse... Au bout de l'avenue, une large place fermée par des grilles avec ce qui a été la gare de Tana. Plus de trains de voyageurs aujourd'hui, hormis la mythique micheline qui rallie Andasibé certains wee-end, mais elle a été entièrement restaurée et extérieurement, dégage un charme surané. Le hall a été transformé en galerie marchande, l'architecture intérieure a été préservée et le buffet de la gare est plus vrai que nature avec ses banquettes en moleskine, ses nappes blanches, ses éclairages tamisés et ses serveurs en grands tabliers blancs. On y déjeunerait bien mais Véronique et Olivier nous ont conseillé Le Palissandre et sa terrasse avec vue sur la ville haute. Vue, carte, on ne sera pas déçu.




Ensuite, direction le marché de la Digue. Marché artisanal fonctionnel où dans notre voiture à la plaque verte, chaperonnés par Harry, on ne passe pas inaperçus... Il faut dire que le touriste se fait rare ces temps ci dans la grande île.... Raphia, broderie, bois, marquetterie on y trouve tout ce que l'artisanat malgache peut produire. La mise à prix ? Fonction de ce que les vendeurs, voire les rabatteurs, perçoivent du client.... Touriste sur le départ ? de passage ? vazahas résident qui s'installe ? Une chose est sûre, il faut avoir envie de discuter !

dimanche 13 mai 2012

Chez le Père Pedro





Le père Pedro ? Un prêtre lazariste, argentin, d'origine slovène, maçon, qui s'installe à Tana en 89 et s'engage concrètement aux côtés des Malgaches dans la lutte contre l'appauvrissement. En 20 ans, il a fait mieux que 3 présidents réunis. Sous son impulsion, s'est construite, à partir de l'immense décharge à ciel ouvert de Tana et avec les familles et les enfants qui y vivaient, une véritable ville dans la ville. Chacun, avec l'aide d'Amakasoa, l'association qu'il a fondé, s'y est créé des conditions de vie décentes. Construire une maison, trouver un travail, manger à sa faim, scolariser ses enfants, se soigner. Les règles sont strictes : travail, scolarisation des enfants, sport, éducation, entraide...

La messe du dimanche, conduite le plus souvent par le Père Pedro lui même, est un des temps forts de la vie de la communauté. Petits et grands, jeunes et moins jeunes, tous s'y retrouvent pour un moment de partage et de fête. Cette messe est ouverte à tous, résidents, malgaches, vazahas de passage. Beaucoup de nos amis nous en ont parlé comme d'un grand moment. Aussi quand Olivier et Véronique nous ont interrogés sur nos envies pour cette matinée de dimanche, la réponse était toute prête...


Sur la route qui, à travers les faubourgs de Tana, conduit vers Andralanitra, changement soudain et flagrant. Maisons roses aux volets peints, jardinets bien tenus, trottoirs propres, écoles, dispensaires, gymnases aux abords nets... Un autre monde... En haut de la colline, un grand gymnase qui abrite la messe.


Comité d'accueil "spécial vazahas" et nous sommes rapidement conduits vers nos places. Un couloir, un escalier et le choc ! A l'intérieur, sous une lumière bleuâtre filtrée au travers du toit qui laisse partiellement passer la lumière, il y a plusieurs milliers -3? 4?.... de personnes... Les gradins, les coursives sont bondés, l'espace au centre -le terrain ?- est recouvert d'enfants assis par terre. Nous trouvons tant bien que mal une place. Autant de monde, l'effet est saisissant et un peu étourdissant... Au milieu, un petit autel et le Père Pedro en soutane blanche. Autour, des musiciens, derrière des chorales...

Pendant 3 heures, mais on n'aura pas vu le temps passer, vont se succéder des moments liturgiques et d'échanges, en malgache et en français, alternés avec d'autres plus festifs de chants -eux aussi en malgache et en français- et de danses, ponctués d'applaudissements... Pendant tout ce temps, chacun va et vient comme bon lui semble...



Mais le Père Pedro est aussi un homme de communication... Parmi les vazahas, il a repéré Olivier. L'AFD est un gros opérateur dans l'opération de réhabilitation et de réorganisation de la décharge. Il ne manque pas de le rappeler et de l'en remercier devant toute sa communauté.

Evidemment, c'est fort en émotions ! Parce qu'il se dégage une atmosphère de grande communion et de joie, que les visages rayonnent et qu'être entourés de 4000 personnes qui chantent ensemble -et oui- çà fait quelque chose...


A la sortie, comme n'importe quel prêtre dans n'importe quelle paroisse, le Père Pedro discute avec ses ouailles. Mais le gestionnaire n'est jamais loin. Il vient saluer Olivier. Photo ? Pas osé assez vite. Avec Pierre ensuite. Des enfants viennent vers nous. Ici, aucun ne quémande quoi que ce soit... juste nous demander notre nom et d'où on vient et nous proposer de faire un bout de chemin ensemble pour découvrir le quartier. On va finir sur le toit de l'école avec vue imprenable sur la décharge -briefing in situ sur les travaux en cours- et sur les premières maisons construites sous l'impulsion du Père Pedro.

samedi 12 mai 2012

Fianarantsoa-Tana

De Fianarantsoa, on n'aura pas vu grand chose.... Une autre fois, quand on ira jusqu'à Tulear... Aujourd'hui, il y a de la route à faire pour être à Tana avant la nuit.


C'est la fin de la première partie de notre voyage, celle avec Haingo et on a un pincement au coeur de le quitter déjà... Tout a été si vite ! Il nous a ouvert la porte de son pays, a été un chauffeur guide agréable, efficace et discret, toujours soucieux de notre bien-être et respectueux de notre rythme et de nos envies.


Remontée de la RN7 donc, le film à l'envers en accéléré. Le pays Betsileo, Ambositra et ses rizières, Antsirabé et ses pousse-pousse, le "coin du foie gras", le palais de Radsiraka.


Depuis qu'il a compris que nos portables avaient un GPS, Haingo meurt d'envie de l'utiliser dans sa voiture. Hier au soir on avait Internet, Pierre y a chargé la carte du trajet et ce matin quand il le pose sur le tableau de bord, notre Haingo est aux anges ! Il avait bien compris comment çà marchait, mais là, en live, c'est autre chose ! On décide de lui faire une surprise... On a pris deux "vieux" appareils pour y mettre des puces malgaches. L'un, pas si vieux ! a un GPS et on ne s'en sert pas. On va lui donner pendant le déjeuner. Mais il faudra trouver le mode d'emploi sur Internet. çà, on n'a pas...


Pendant qu'Haingo découvre son nouveau téléphone, nous on appelle Véronique et Olivier à Tana pour leur donner l'heure approximative de notre arrivée. Pas de problème, ils nous attendent, même si à cette heure là on risque de se croiser vite fait... et là, grande nouvelle ! Ce soir, l'ambassadeur remet l'Ordre National du Mérite à Olivier !!!! C'était prévu hier soir et du coup il n'en avait pas parlé... et maintenant, il s'excuse presque de ne pas nous avoir invités. Pas grave, pas sûr qu'on ait de quoi faire bonne figure dans les jardins de l'ambassade !


Le film continue de se rembobiner... Autre lumière malgré tout. Autres images aussi. Celles des files de paysans Betsileo en habit traditionnel, celle de jeunes qui reviennent fièrement du marché où ils ont acheté une charette à zébus neuve, celle de motards qui partent à Morondave par la piste, celles de méchants accidents qui nous rappellent qu'on a beau avoir le portable du médecin de l'ambassade, l'hôpital sûr le plus proche est à La Réunion et qu'il n'y a pas de SAMU pour nous amener à l'hélico...


Arrivée dans les embouteillages de Tana à la nuit tombante. La maison d'Olivier et Véronique n'est pas loin du lycée Alarobia où Pierre a été prof pendant 2 ans. Les explications sont claires et on trouve facilement. Ensuite, tout va très vite. Le portail qui s'ouvre, les gardiens qui nous accueillent, l'allée qui n'en finit plus, la maison tout éclairée, Olivier et Véronique prêts à partir dans le 4x4 qui tourne déjà, le personnel qui prend nos bagages, les adieux à Haingo... tout s'enchaîne à la vitesse de l'éclair !


Le temps de prendre une douche et on se retrouve tous les deux dans une maison immense, confortablement installés dans un canapé, à savourer un punch maison aux gombavas accompagné de sambos -le tout, fait et servi par Séraphine, la cuisinière ! La tête nous tourne un peu....

vendredi 11 mai 2012

Le train FCE. Fianarantsoa Côte Est.

Ce train est une vraie légende. Dans une région très enclavée, où les routes sont en mauvais état et sujettes aux aléas climatiques, c'est une artère indispensable à l'activité économique, essentiellement le transport des récoltes.

La voie ferrée a été construite au début du 20ème siècle. Les rails viennent de l'Allemagne de Bismarck, les wagons de Suisse. 10 ans de travaux pour 163 kms, 18 gares, 67 ponts, 48 tunnels -le plus long fait plus de 1000m, une pente jusqu'à 3,66% - la plus forte du monde, une vitesse moyenne de 20 kms/h les jours où tout va bien, 150 000 voyageurs et 15 mille tonnes de marchandises par an. Et c'est le seul train au monde à couper une piste d'envol !

Un horaire de départ approximatif : on part quand tout est chargé, une durée de trajet hypothétique : en fonction de celle des chargements et déchargements dans chaque gare et... de la météo ! Ala montée, s'il pleut, çà peut durer très longtemps parce qu'il n'est pas rare que le train -trop chargé- n'arrive pas à gravir la pente... alors, il recule...

Dans chaque gare, à l'arrivée du train , c'est l'effervescence... Les femmes et les enfants viennent proposer les produits locaux aux voyageurs : mandarines, bananes, ananas, sambos, beignets, écrevisses, boissons, poivre noir, vert, baies roses, piments, vanille, fleurs... La vie est difficile et tous comptent sur les passagers du train pour gagner quelques milliers d'Ariary supplémentaires...

Tout celà, on l'avait découvert dans un reportage à l'automne dernier et on avait été fasciné... sans imaginer s'installer dans le wagon réservé aux vazahas même pas 6 mois plus tard !!

Manakar-Fianarantsoa en train

On a découvert l'existence de ce train il y a quelques mois à l'occasion d'un reportage -genre "des trains pas comme les autres" et nous voilà prêts à y embarquer ! Forcément, çà fait un peu bizarre...


Départ 6h45. Il convient d'arriver en avance. Quand on arrive sur les 6h , il y a déjà beaucoup de monde et toute une vie s'est organisée devant la gare. Une femme a même dressé un véritable buffet, tables, bancs et propose café, thé, tartines, confitures, fruits et même pains au chocolat ou pain perdu !! On va y faire un petit déjeuner qui restera dans les annales !

Presque 6h30. On rentre dans le hall où se presse une foule bon enfant. Le train est en gare -il est arrivé hier soir- mais l'accès au quai est fermé. 6h40, il ne s'est rien passé... 6h45, heure prévue du départ... toujours rien... 7h, le préposé au contrôle des billets prend place dans sa guérite et vérifie un par un les titres de transport. Forcément, çà n'accélère pas les choses.


Pas loin de 7h15 quand on pénètre enfin sur le quai... Le wagon de 1ères -les vazahas n'ont pas le choix- est à l'arrière du train. Et nous, à l'arrière du wagon ! Côté "1ères" pas d'emballement ! çà rappelle un peu les vieux trains de banlieues... en plus vieux ! Banquettes défoncées, plancher aux lattes disjointes, voire manquantes, porte-bagages brinquebalants... On investit notre territoire d'une journée -2 banquettes face-face rien que pour nous! puis forts de nos expériences ferroviaires précédentes, on redescend nettoyer nos vitres, y compris celle de l'arrière du train. Bah oui, c'est mieux pour les photos !


7h30, rien... 8h, toujours rien. Mais sur le quai, l'activité est intense. Chargement des marchandises, petits revendeurs...

8h15, le départ !! La seule ligne de voyageurs de Madagascar prend son élan. Très vite, on comprend pourquoi les Malgaches appellent ce train le TGV... TGV comme Très Grandes Vibrations... çà va être sportif !


Au bout de quelques minutes à peine, une fois traversée la piste de l'aéroport, première halte. Aussitôt, ce qui au fil du voyage, va devenir un rituel se met en place. Des centaines de personnes semblent former une haie d'honneur et prennent l'assaut du train, parfois même avent son arrêt.


Une multitude de petits vendeurs se précipite aux fenêtres, sur les marchepieds ou à l’intérieur des wagons, et propose mandarines, bananes, beignets de légumes, sambos, oeufs durs voire écrevisses. C’est dire si le menu est vaste. Chaque village a sa spécialité. Ce sympathique buffet géant dure tant que dure le chargement des marchandises : 10 minutes, 20, 30 ou plus...

Mais il traduit aussi une tout autre réalité. Le passage du train est vital pour les paysans qui y embarquent leurs récoltes, leurs familles qui proposent de quoi améliorer le pique-nique des voyageurs mais aussi pour toute une population dépourvue qui vient quémander de quoi survivre, s’accrochant au moindre regard pour attraper un biscuit, un bout de sandwich ou une bouteille en plastique qui finira en récipient ou en épouvantail au milieu des cultures.


Dénuement et impuissance dont ne manquent pas de profiter deux de nos compagnons de voyage. Un policier et un gendarme, en grande tenue. A chaque arrêt, ils font embarquer des soubiques entières de produits agricoles. Dans l'entrée, dans les allées, sous les sièges, sur les porte-bagages... bientôt elles ont envahi tout l'espace disponible. Leur technique est imparable. A chaque gare, ils remontent le quai, font livrer les marchandises dans le wagon de queue et au départ du train, campés sur le marche-pied, lâchent quelques milliers d'Ariary pour le tout...


Au rythme lancinant du clac-clac-clac des roues, à 20 kms/h, à flanc de montagne, le train franchit les ponts, saute les rivières, traverse les tunnels, taillade dans les branches qui envahissent la voie … Les paysages sont grandioses, luxuriants, succession de rizières, de bananiers, de caféiers, de palmiers, de sapins, d'eucalyptus. Une chose est sûre, on ne s'ennuit pas un seul instant.


Bien sûr on va passer les trois dernières heures dans le noir quasi complet -et non, pas d'éclairage, juste nos lampes torche! et arriver à Fianarantsoa après 11 heures de voyage mais avec tellement d'images, de souvenirs de rencontres plein la tête. Et surtout avec le sentiment d'avoir vécu une aventure ferroviaire comme il y en a encore peu au monde !

jeudi 10 mai 2012

Route au sud

Journée "open" avant de prendre le train demain vers Fianarantsoa.


Sous les tropiques, on se couche tôt mais on se lève tôt aussi. Debouts avant le lever du soleil pour faire des photos. On a eu beaucoup de chance. A cette latitude, en général, l'horizon est encombré de nuages et on ne le voit jamais sortir de la mer... juste l'intensité lumineuse qui change puis au bout d'un moment, il dépasse la barrière nuageuse et surgit dans le ciel bleu. En général... parce qu'aujourd'hui, rien à l'horizon et la mer qui s'enflamme peu à peu. Ma-gik !!!!


Ensuite direction Vohipeno -Vohipen'. A une quarantaine de kms de Manakar, ce sera le point le plus sud du voyage. Et puis, on se repose sur le Petit Fûté qui nous y promet une ambiance très différente de celle des villes que nous avons visitées. C'est l'ancienne capitale antemoro- antemour- et l'islam y serait bien vivant. Djellabas, turbans, fez et sourates. Haingo rigole un peu, mais bon....


En route, coup de fil de Patrick pour discuter du programme de la semaine prochaine. Quand on lui parle de celui de ce matin, il nous conseille de laisser tomber les tombeaux des rois antemoro et de rencontrer plutôt le roi actuel. Mais il y a une procédure.... Il faut d'abord obtenir l'autorisation d'un édile local et ensuite le convaincre de nous accompagner. En chemin, acheter le rhum pour l'offrande traditionnelle aux ancêtres. Et comment on fait pour le trouver et le convaincre, l'édile ?? Facile, c'est l'oncle d'Emilie, son amie !!! On aura droit au non moins traditionnel discours de bienvenue et comme on est quasi de la famille, à participer aux offrandes. On ne pouvait pas rêver mieux ! Sauf que çà ne va pas du tout se passer comme çà.... L'oncle d'Emilie, un professeur est parti à Farafangana -Farafangan'- faire passer des examens et le pont pour aller jusqu'au village du roi a été détruit par la dernière crue de la rivière, on ne peut passer qu'en 4x4... On fait contre mauvaise fortune bon coeur : marché, achat de mandarines puis roumazaf et poulet-sauce dans un hotely accompagnés à défaut de rhum, par une THB bien fraîche...


Retour à Manakar où il nous faut acheter nos billets pour demain et réserver nos places. Parce que demain, on prend le train ! Entre 10 et 12 heures -voire beaucoup plus- dans la jungle pour rejoindre Fianarantsoa, 1500m plus haut !


Après midi tranquille à déambuler en ville. L'ambiance y est paisible et accueillante. Des avenues bordées d'arbres, des pousse-pousse, des constructions datant de l'époque coloniale un peu partout aux couleurs lessivées par les pluies. Ah oui ! on va se faire masser aussi. Chez Homéopharma... 9 000 Ariary les 45'... à peine 3€ ... A titre de comparaison, une bière (66cl), entre 4 et 6000, un plat dans un hotely entre 6 et 8000....



Et pour dîner ?????????? Langoustes grillées aux Délices !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!