samedi 26 mai 2012

Diego J4. La mer d'émeraude

Patrick, Emilie et Mathis nous ont quittés tôt ce matin pour rejoindre François à Nosy Comba. Nous voilà les seuls occupants de cette immense maison... avec le couple de gardiens et la cuisinière quand même !
Comme il l'avait annoncé, James le taximan nous a rappelés hier soir. Un bon point pour lui ! Pour nous dire qu'il nous avait trouvé un bateau pour la mer d'émeraude et qu'il passerait nous prendre à 8 heures. Un deuxième bon point !
Tout juste 8 heures quand il arrête son taxi devant la maison... Troisième bon point ! Désormais tous les gardiens de l'université nous connaissent, ce matin ils nous envoient même un "bonne journée et à ce soir" cordial... Et maintenant, direction Ramena à nouveau ! James conduit tranquillement, son taxi est parfaitement entretenu, peinture jaune rutillante, banquettes quasi neuves, pneus en bon état, suspensions vaillantes, rétroviseurs, et même support pour le portable... un rêve de 4L !
La mer d'émeraude, c'est l'autre classique de la baie de Diego. C'est un vaste lagon corallien, saupoudré d'îlots, au nord de l'entrée de la passe. On sort avec la marée, on rentre avec. Selon la saison, les conditions de mer et de vent, la traversée peu vite s'avérer assez, voire très sportive. Pas d'inquiétudes pour aujourd'hui... la mer n'est pas plus formée que les jours précédents et on embarque à bord du Roi de la Mer... Yapa à dire, çà donne confiance !
Un petit coup de moteur pour s'éloigner de la plage et le capitaine donne l'ordre d'envoyer la voile. Pas de winches, tout à la force des bras ! On file bonne allure sur la "grande passe", les vagues sont formées mais régulières. Tout d'un coup, on se prend un gros paquet de mer ! On n'a rien vu venir ! c'est qu'on est rentrés dans les eaux beaucoup plus agitées de la "petite passe" avec les vagues de face. L'équipage a l'air de bien s'amuser... donc, comme d'habitude,  pas d'inquiétude... Tant que l'équipage s'amuse, aucune raison de s'en faire et continuer de profiter ! D'ailleurs, on ne tarde pas à s'engager sur des eaux beaucoup plus calmes que les marins scrutent de près... En effet, il y a très très peu de fond et malgré le faible tirant d'eau du boutre, le risque de s'ensabler et de devoir attendre la prochaine marée n'est pas négligeable. Ce serait oublier qu'on est à bord du Roi de la Mer !
Un petit quart d'heure de navigation, une dernière pointe à virer sur tribord et le lagon se découvre enfin ! La couleur de l'eau a complètement changé. Ni bleu saphir comme hier, ni bleu turquoise comme sur les hauts fonds, là, elle est réellement vert émeraude !! On affale le temps d'amener le bateau à la plage pour débarquer sur Nosy Suarez, un des deux grands îlots du lagon.
Ensuite, un plan d'enfer... Moi, baignade, baignade... l'eau est presque trop chaude... explo, mais le soleil tape tellement fort que re-baignade... finalement, c'est là qu'il fait le plus frais ! Pierre, lui, est parti pêcher avec l'équipage. Ils reviennent avec des poissons de toutes les couleurs. Hop, au gril ! Pique-nique sous la paillote, punch coco, poissons grillés, riz au coco. Baignade, sieste. Elle est pas belle la vie ? Une dernière baignade et c'est l'heure de remonter à bord pour rentrer avec la marée certes  mais avec le vent dans le nez. Un bord de près de folie ! Accroché à sa barre, le barreur s'amuse comme un fou ! Avec une voile latine, le virement de bord se complique un peu... Il faut l'affaler pour la passer de l'autre côté... Manoeuvre parfaitement maîtrisée. Au final, on est trempés mais on s'est régalés comme jamais !! Merci le Roi de la Mer pour cette journée inoubliable !
Une THB sur la plage pour profiter du soleil couchant et on retrouve James, ponctuel et souriant, qui nous ramène à Diego dans sa jolie 4L. Oui, oui, aucun souci, il vient nous chercher demain matin pour nous emmener à l'aéroport...

Dernière soirée à Diego. Cette ville nous a conquis. Tout ce qu'on aime, la mer pour naviguer, les vagues pour s'amuser, le soleil, la chaleur, le centre ville est agréable, la population accueillante... Bref, d'ici quelques années, on s'imagine bien là plusieurs mois par an...

Dernières brochettes de poissons, dernier petit tour dans la rue Colbert avant de reprendre un tuk-tuk pour rentrer. Il fait doux, il est encore tôt malgré l'obscurité et on demande au chauffeur de nous laisser à la barrière d'entrée de l'université pour finir à pieds.
Le gardien vient vers nous... Oui, oui, il nous a reconnus, il sait qu'on va chez François, mais pas à pieds ?? Nous, si, ce n'est pas si loin et on a le temps. Et là, il a l'air carrément affolé. Non, non deux vazahas à pieds dans le noir, ce n'est pas possible du tout du tout... Il y a des Foros... Et là, on blêmit.... Les Foros, François nous en a parlé.... Des bandes de voyous qui agressent les vazahas dès la nuit tombée. Il l'a bien dit : seul le centre ville est sûr... sinon, jamais à pieds. Des amis de ses enfants ont été gravement agressés l'année dernière... Rapatriés à l'hôpital de La Réunion... Et nous, dans l'euphorie de la journée, on a complètement oublié ses mises en garde...  Personne à appeler... ni les gardiens de la villa qui n'ont pas de voiture, ni taxi qui ne viendra jamais à vide jusqu'ici à cette heure là... Un petit attroupement s'est formé autour de nous. Ils discutent en malgache et nous, on n'est pas vraiment fiers...
Finalement, ils nous proposent leur "plan". On est les hôtes du directeur adjoint de l'université, ils se sentent un peu responsables de nous... Donc, on va se couvrir pour laisser le moins possible de peau blanche apparaître, bien enfoncer les casquettes, marcher tête baissée, en silence et la femme de l'un deux va nous accompagner avec son fils. On leur donne la main et ils parleront ensemble tout le long en malgache. Quand elle éclairera sur le côté, il faudra marcher encore plus vite. Si tout va bien, en marchant bon pas, il y en a pour dix bonnes minutes... On n'en mène pas large mais pas le choix... On sort nos passeports des sacs pour les mettre à l'intérieur de nos vêtements et en route dans le noir... On n'y voit vraiment rien... pas un bruit, juste celui de leurs voix et de nos pas... A chaque fois qu'un chemin part à droite où à gauche, ils parlent plus fort et elle allume sa lampe... çà semble interminable... le foyer... le centre administratif... les labos... Enfin, sur la droite, on aperçoit la maison... Encore quelques centaines de mètres et on y est ! Au final, bluf ou danger réel ? On ne saura jamais... mais François nous avait bien mis en garde quand même. Ce qui est sûr, c'est que les gardiens sont dehors et nous attendent. Ils étaient inquiets de ne pas nous avoir vu rentrer avant la nuit... et nous pressent de rentrer, nous laissant à peine le temps de dédommager nos anges gardiens et de les remercier.
Bagages maintenant....