jeudi 17 mai 2012

Mahajanga

Hier soir, on a fait la connaissance d'Emilie et de Mathis puis direct au lit ! Une bonne nuit réparatrice et ce matin on est d'attaque pour partir à la découverte de la ville drivés par Patrick.

Pour commencer, un petit tour par la digue Schneider doublée de son pipe-line qui s'avance loin dans la mer. Pas de port en eaux profondes ici - la baie est trop engorgée par les alluvions charriés par la Betsiboka- et les marchandises sont déchargées au large. Du bout de la jetée, on découvre Mahajanga tout en longueur au loin.

Mahajanga est ancien port de pêche puis les échanges d'esclaves, d'armes, d'étoffes, de pierres précieuses et d'épices, chargés et déchargés de ces fameux boutres ouverts -typiques du canal du Mozambique- ont favorisé son développement. Point central de toute cette activité, le port aux boutres... Tous les fans de bateaux nous en ont parlé avec enthousiasme et on est impatient de le découvrir.

Sur le quai, barré par l'enchevêtrement des mâts, se mélangent les odeurs et les couleurs des fruits, des légumes, du poisson ou des crevettes. Les transbordements se font à dos d'homme et c'est un va-et-vient incessant entre les cales des navires et les dépôts. Les boutres peints de rouge et de bleu, de vert et de jaune délavés laissent entrevoir des poulies en bois, des bouts en fibres naturelles et des voiles en coton rapiécées et usées jusqu'à la trame par le soleil, le vent et la mer... A vrai dire, ils semblent sortir tout droit d'une autre époque... c'est pourtant à leur bord que s'effectue le cabotage le long de la côte ouest, le trafic vers les Comores ou la côte orientale de l'Afrique... Zanzibar est à quelques bords... A bord ou sur le quai, chacun vaque tranquillement à ses occupations... il faut dire que la chaleur se fait déjà bien sentir bien qu'il ne soit pas encore 10 heures... Mahajanga est une des villes les plus chaudes de Madagascar... Une ambiance de bout du monde dans laquelle s'entrecroise toute une population qui semble avoir assimilé tous ceux qui un jour se sont arrêtés ici.... Sakalavas et Merinas bien sûr mais aussi Comoriens, Arabes, Indiens et Pakistanais -les karanes-, Africains... Décidément, le soleil tape vraiment dur -pas loin des 40°- et on s'installe sous les parasols d'une gargotte -pompeusement baptisée Waterfront Bar-pour prendre un café et d'où on continue à regarder l'animation tranquille du port, rythmée par le bruit des moteurs, celui des pousse-pousse et des scooters, les cris des dockers, des matelots et des mouettes. On y resterait bien jusqu'à l'heure de la bière, mais Emilie nous a chargés de courses pour le déjeuner... direction donc, BazarBe ou le grand marché.

L'occasion d'un premier aperçu du centre ville. Grandes batisses, vestiges des comptoirs arabes, dont le rez-de-chaussée est converti en boutiques karan' , le plus souvent pièces automobiles en tous genres ou quincaillerie, grandes maisons coloniales à varangue, à balustres, à colonnes, batiments administratifs... Toutes les variétés d'ocre s'entremêlent mais la plupart des façades sont en piteux état... couleurs délavées, murs décrépis... L'entretien ne semble pas être la préoccupation principale des propriétaires... Les rues sont quasi désertes... Drôle d'ambiance... Patrick dit qu'en fait les Malgaches vivent plus loin, dans la ville nouvelle, autour de la cathédrale et de la poste.

Au marché, récemment refait -allées larges, étals carrelés, éclairage- des fruits et légumes bien sûr, de la viande de zébu bien entendu, mais surtout des montagnes d'énoooormes crevettes ! Un peu d'artisanat aussi dont les vendeurs ont vite fait de nous repérer...

En fin d'après midi, une fois la chaleur un peu retombée, une petite virée vers le cirque rouge. Toutes les nuances d'ocre, de rouge ou de rose à perte de vue qui s'enflamment dans le soleil couchant. Puis vite avant la tombée de la nuit, un tour jusqu'aux plages. Sable blanc, mer bleu turquoise... Ici, effet "canal du Mozambique", pas d'énormes rouleaux. Juste des petites vagues pour faire un plouf tranquille.