dimanche 27 mai 2012

Diego - Tana

Bagages bouclés, petit-déjeuner avalé, on est est prêts à partir. Le vol pour Tana n'est qu'un peu avant midi, mais ici, il convient après avoir confirmé et re-confirmé sa réservation, d'être largement en avance...  On n'est jamais à l'abri de surprises...
Encore une fois, James est ponctuel. En route pour l'aéroport ! Il nous parle un peu de la vraie vie des taximen ici. Rackettés de partout... Ainsi, il va devoir s'acquitter d'un "droit d'entrée" pour accéder au parking... Pas le choix, s'il ne rentre pas, aucune chance de charger quelqu'un pour retourner sur Diego. Mais il possible de faire mieux encore... rentrer dans le hall des arrivées. Pour çà, bien sûr, il faut s'acquitter d'un autre "droit d'entrée" auprès des vigiles... Et ensuite, explique-t-il, c'est la guerre entre eux... à celui qui criera le plus fort pour attirer l'attention des passagers, il n'est pas rare qu'ils en viennent presque aux mains... Lui, il trouve que ce n'est bien pour personne... ni pour eux, ni pour les passagers qui se sentent agressés. Il a vu à la télé ou quand il est allé à La Réunion, comment çà se passe ailleurs. Il a proposé à ses collègues de voir comment ils pourraient s'organiser autrement mais a vite été "découragé"...

Le départ de l'avion est "delayed"... çà nous laisse tout loisir de regarder les allées et venues.... hommes d'affaires européens ou asiatiques, généralement seuls, quelques touristes comme nous et une majorité de "familles"... En fait, Monsieur -européen d'un certain âge- et Madame -malgache, la plupart du temps beaucoup plus jeune- avec un enfant... A Madagascar, à côté du tourisme sexuel que le gouvernement combat dans la mesure de ses moyens, il existe une autre forme de tourisme.... le tourisme nuptial. On l'avait entrevu à Mahajanga mais c'est flagrant à Diego... Pour beaucoup, l'aura du vazaha leur permet  de passer pour des gentlemen et une petite retraite ou les quelques centaines d'euros du RMI d'éblouir facilement de jeunes femmes en mal d'avenir radieux... Nous revient en mémoire un échange qu'on avait eu avec Patrice sur le canal des Pangalanes, qui nous expliquait dans son français châtié, qu'une femme malgache avait des attentes beaucoup plus faciles à satisfaire que celles d'une européenne et qu'au final elle "coûtait" beaucoup moins au vazaha tout en lui assurant une présence pour ses vieux jours... Il est difficile de ne pas être choqué, de ne pas juger mais, derrière, la réalité malgache est plus pragmatique... Chacun semble trouver son compte dans cet accomodement... L'expression consacrée pour une jeune malgache qui a trouvé un vazaha est de dire qu'elle est "sauvée"....

On finit par embarquer. Le ciel est dégagé, l'avion à hélices ne vole pas très haut et on en prend plein les yeux ! Le canal du Mozambique d'un côté avec toutes les embouchures qui charrient des boues rouges qui vont se perdre très loin après des méandres à n'en plus finir... l'océan indien de l'autre, et au milieu, un désert tantôt vert quand il y a de la végétation ou des cultures, tantôt rouge quand le sol est nu...

Une grosse heure de vol et on retrouve l'aéroport de Tana. Plongée directe dans la guerre entre taximen comme nous l'a décrite James. La prochaine étape, c'est certainement de soudoyer la sécurité pour accéder directement au bas des passerelles... Vazaha, vazaha, taxi ? 100 000 Ar. Vazaha, vazaha, je t'emmène à l'hôtel. Bon taxi ! 80 000€. Vazaha, vazaha, je prends ton sac. Quel hôtel ? 75 000. Pas de chance pour eux. Véronique nous a dit : 35 000 pas davantage. On sort du hall entourés d'une grappe de chauffeurs tous plus volubiles les uns que les autres. James a complètement raison, c'est saoûlant.... D'autant que maintenant, ceux qui attendent à l'extérieur s'y mettent aussi.... Pour les calmer, on leur donne notre prix, et çà marche ! Silence...  Le premier à réagir sans discuter est un Karane. On lui emboîte le pas jusqu'à son taxi garé sur le deuxième parking. En route, il nous explique qu'il ne veut pas rentrer dans ce jeu, qu'assaillir les touristes qui débarquent ce n'est pas bien, les arnaquer non plus. Donc, lui, il travaille comme çà. Il sait ce qu'il doit gagner chaque jour pour faire vivre sa famille et entretenir son taxi, il ne rentre jamais dans l'aéroport donc n'a rien à payer à personne et quand il voit les passagers sortir, il annonce son prix pour Tana. Mais , vous, comment vous connaissiez le vrai prix ?? Bah, on n'est pas vraiment des touristes ! D'ailleurs, on va à cette adresse. C'est sur la route des hydrocarbures juste après le lycée Alarobia. Ensuite, on vous indiquera. Du coup, ni tours ni détours, il nous emmène direct depuis Ivato. Le même itinéraire que Harry. Sauf qu'on est dimanche et que çà va beaucoup plus vite !

Une grosse demi-heure et nous voilà devant le portail. Comme Haingo il y longtemps longtemps -quinze jours au moins- il est plus qu'impressionné quand le portail s'ouvre et que les gardiens nous accueillent avec un grand sourire. Tout au bout de l'allée, on aperçoit Valérie qui se jette à notre cou à peine la portière ouverte ! On a un peu l'impression de rentrer à la maison... Véronique a préparé un grand feu -et oui, c'est le début de l'hiver et sur les hauts plateaux il fait déjà frais... Olivier est en déplacement à Nairobi... Le temps de s'installer -on retrouve avec plaisir notre grande chambre et sa salle de bain avec sa vraie douche ! de se couvrir un peu et nous voilà tous les 4 réunisautour d'un bon thé.
Pour demain, lundi de Pentecôte, Véronique propose que nous allions à Ampefy, une sortie à la journée traditionnelle pour les habitants de Tana. Et au menu de ce soir, foie gras et tarte tropézienne préparés à notre intention par Séraphine !!